Franc Cfa: ces présidents africains défenseurs de la monnaie coloniale

by Amani Georges

Alors que la polémique sur l’avenir du Franc Cfa alimente de plus en plus les débats sur le continent, plusieurs dirigeants de pays membres de la zone monétaire restent à ce jour fermement opposés à un abandon de la monnaie. Qui sont ces présidents défenseurs du franc des colonies françaises d’Afrique ?

Si Kémi se présente aujourd’hui comme l’un des fervents combattants du Franc Cfa, il faut aussi rappeler qu’il y’a inversement ceux qui défendent la monnaie coloniale. Depuis des mois, on assiste donc à un bras de fer entre deux camps, le front anti-Cfa actuellement mené par le franco-béninois Kémi Séba qui a récemment appelé à un boycott des produits français, et le camp des dirigeants africains favorables à un maintien de leur pays dans ladite zone monétaire. Dans ses multiples conférences de presse et meetings, le franco-béninois expulsé le mois dernier du Sénégal a régulièrement dénoncé l’attitude de certains chefs d’Etat africains qui selon lui freinent le développement des pays membres du CFA en décidant de rester toujours dans la zone monétaire coloniale. Qui sont donc ces dirigeants qui soutiennent pieds et poings liés le Franc des Colonies Françaises d’Afrique, une monnaie créée il y’a aujourd’hui plus de 60 ans ?

3 présidents africains défendent le Franc Cfa

Officiellement, il s’agit des trois chefs d’Etat africains membres de la zone CFA à avoir donné leur opinion sur l’avenir de la monnaie. Mais aujourd’hui, leur prise de position en faveur de la monnaie coloniale leur fait passer pour des traîtres aux yeux des militants de la révolution anti-Cfa.
• Alassane Ouattara, président de la République de Côte d’Ivoire : ‘‘Le Cfa est une monnaie qui rend service au peuple africain’’. Lors de sa récente visite d’Etat en France, le président ivoirien a réitéré son engagement à maintenir son pays dans la zone du franc Cfa. D’après le chef d’Etat ivoirien, le franc des Colonies Françaises d’Afrique est aujourd’hui ‘‘une monnaie qui rend service au peuple africain, une monnaie qui est appréciée’’, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse conjointe avec le président français Emmanuel Macron. Selon Alassane Ouattara, il n’y’aurait aucune crainte à avoir quant à la stabilité de la monnaie : « Nous couvrons quand même les trois quarts de nos émissions monétaires et la banque centrale a plus de cinq mois d’importations, donc en devises il n’y a pas d’inquiétude », a laissé entendre le président ivoirien.

• Macky Sall, chef d’Etat du Sénégal : «Nous avons une institution forte et crédible, poursuit-il. Et il ne faut pas la déstabiliser, car, quoi que l’on dise, le franc CFA est une monnaie stable. Cela dit, si on arrive à nous prouver, sans considération politicienne, de lutte anticoloniale par exemple, qu’il faut choisir une autre voie, nous sommes assez autonomes et responsables pour l’emprunter. Pour le moment, j’aimerais qu’on nous éclaire davantage. En attendant, je dis que le franc CFA est une bonne monnaie à garder», a révélé en décembre dernier Macky Sall avant un déplacement officiel en France. Tout comme son homologue ivoirien, le président sénégalais se présente aujourd’hui comme l’un des fervents défenseurs de la cause du Franc Cfa. Cet engagement du président sénégalais s’est à nouveau matérialisé le mois dernier avec l’expulsion de Kémi Séba du Sénégal vers la France.

• Patric Talon, président du Bénin : si le chef de file de la révolution anti Franc Cfa actuellement est d’origine béninoise, ses actions sont loin d’être soutenues par le chef d’Etat béninois. Le mercredi dernier, Patric Talon a une nouvelle fois plaidé pour un maintien du Franc Cfa dans le cadre d’une tournée entreprise dans plusieurs pays d’Afrique de l’ouest : « Notre monnaie se porte très bien », a indiqué le président béninois, comme pour dire qu’il n’y a aucune raison de vouloir quitter la zone monétaire. « Nous n’avons pas de problèmes d’échange sur le plan international. Nous comprenons qu’il y a lieu de donner une réponse forte à la communauté internationale, à nos concitoyens, sur d’abord la santé du CFA, sur le chemin parcouru par le CFA et sur l’avenir du CFA », a-t-il poursuivi.

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