Révision de la liste électorale : les ivoiriens boudent déjà le référendum

by Amani Georges

Lancée depuis le 25 juin dernier, l’opération de révision de la liste électorale a pris fin le dimanche dernier sur toute l’étendue du territoire national. Les ivoiriens étaient appelés à se faire enrôlés dans différents locaux de la CEI en marge des prochaines échéances électorales dont le tant attendu référendum constitutionnel. Mais la mobilisation n’a pas été au rendez-vous, les bureaux d’enrôlement ouverts par la Commission électorale indépendante ont été quasiment déserts jusqu’à la fin de l’opération.

L’absentéisme de la population ivoirienne dans les locaux de la CEI

Appelés à se prononcer sur le passage de la Côte d’Ivoire à une nouvelle constitution, la population ivoirienne était invitée depuis le 25 juin 2016 à participer à l’opération de révision de la liste électorale. A l’issue de cette campagne qui s’est étendue sur un mois, les ivoiriens ont été près peu à se faire enrôler dans les centres mis à leur disposition par la CEI. Bien que l’institution dirigée par Youssouf Bakayoko ait été ferme sur le respect du chronogramme du référendum, l’engouement autour de ce projet crucial pour les prochaines échéances électorales au pays n’a pas été à la hauteur des attentes : ‘‘Avant le week-end, moins de 120.000 nouveaux inscrits avaient été recensés’’, précise le site d’information RFI, soulignant ainsi le fort taux d’absentéisme qui a marqué ce recensement. Malgré le « oui » du RHDP pour la troisième République ivoirienne, les militants de l’alliance au pouvoir sont manifestement restés insensible à l’appel de leurs responsables politiques.

Ce que pensent les ivoiriens de la révision électorale

Inopportun, moins de campagnes autour d’un sujet si important et méfiance sont quelques sentiments exprimés par les ivoiriens que nous avons interrogés dans la rue : « je pense qu’il est tôt de parler de révision constitutionnelle, le pays sort à peine d’une crise politique et on sent encore la cohésion sociale est fragile. A mon avis, le président doit d’abord œuvrer dans le sens de la réconciliation avant d’aborder ce sujet », nous confiait la semaine dernière Kouao Albert, un moniteur d’auto rencontré à Marcory. En revanche, pour Arouna Cissé, le gouvernement n’a pas assez fait campagne autour de cette opération : « Les gens ne sont pas sortis massivement pour se faire enrôler parce qu’à mon avis les autorités n’ont pas communiqué comme il se devait sur la question. Lors de l’élection présidentielle de 2015, on a vu des sportifs ivoiriens à la télé appeler les ivoiriens à aller voter, mais cette fois ça n’a pas été le cas ». Parmi ces différents avis recueillis, c’est plus celui de la méfiance qui prédomine : « vous savez les gens ont peur quand ils entendent parler du changement de la constitution. Cette crainte s’explique d’abord par le fait que la population ne sait pas exactement quels sont les modifications qui vont s’opérer dans la législation avec la réforme à venir. En plus, dans certains pays, on a vu des chefs d’Etats se maintenir au pouvoir grâce à cette même-révision des lois. Toutes ces mauvaises expériences dans les pays africains poussent les ivoiriens à craindre le pire, raison pour laquelle la révision de la liste électorale n’a pas suscité un grand engouement », nous explique Mathieu Seka, enseignant d’histoire dans un établissement privé de la place.

Un signe avant-coureur du rejet du référendum ?

La révision de la constitution ivoirienne est un processus que rien ne semble apparemment arrêter. En dehors de l’opposition qui a barré la route au président Ouattara, toutes les couches sociales consultées par le chef d’Etat ont marqué leur adhésion à ce projet. Quant à l’avis de la population ivoirienne, il ne sera reçu qu’à l’issue du référendum prévu pour fin octobre. Mais des signes avant-coureurs, dont l’absentéisme de la population à l’opération de recensement, envoient déjà un signal négatif sur cette opération cruciale censée réconcilier la Côte d’Ivoire avec elle-même.

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