Inculpation de Diéndéré au Burkina

by Fatou Touré

Des têtes commencent à tomber dans l’affaire Sankara

Le général Diéndéré initialement incarcéré pour la tentative de coup d’état manqué du 17 septembre dernier vient d’être à nouveau inculpé par les autorités du pays. Il est épinglé pour son implication dans l’assassinat du capitaine Thomas Sankara en 1987. Après plus de 30 ans, une des premières têtes liées à ce meurtre selon la justice burkinabé vient de tomber. C’est donc le début d’une longue série d’arrestation qui se profile l’horizon. Les proches de l’ancien régime sont sans relâche poursuivis par les autorités du pays depuis la chute de Blaise Compaoré en Octobre 2014. Autant dire que la soif de justice des burkinabés ne connaîtra pas de limite. Longtemps accusé d’avoir assassiné Sankara, l’ancien président déchu du pouvoir pourrait très bien faire l’objet d’une poursuite judiciaire après ses proches.

Les faits qui incriminent Diéndéré

Le général était à la tête du bataillon militaire de Pô qui a lancé l’assaut pour mettre aux arrêts feu Thomas le 15 octobre 1987. Ensuite, il est resté à la tête du régiment de sécurité présidentiel, le RSP depuis plus d’une trentaine d’années. Les soldats pressentis pour l’assassinat du capitaine Sankara appartiennent tous à ce régiment. Il a été très actif dans la prise de pouvoir de Compaoré et aussi dans son ascension politique. En plus, l’exhumation de la dépouille du capitaine à Paris pour une autopsie a infirmé la thèse initialement avancée sur les circonstances officielles de la mort de Thomas décédé de « mort naturelle ».  L’autopsie a en effet révélé que le corps du défunt était criblé de plusieurs balles. Il s’agirait donc d’un homicide volontaire.

L’accusation peut-elle remonter jusqu’à l’ancien président ?

Pour une grande partie de l’opinion publique, le général Diendéré n’est qu’un pion dans l’affaire Thomas. Il aurait agi sous les ordres de l’ex chef d’état. Depuis le renversement en 1987, les conclusions qui étaient données sur l’assassinat de Sankara n’étaient pas satisfaisantes. Certains accusaient même l’ex président de faire entrave à la justice qui jusqu’à maintenant était impuissante face aux doléances de la famille de Thomas. Au regard des liens qui existaient entre Diendéré et Blaise depuis des dizaines d’années, ce dernier pourrait être cité parmi les coupables liés au dossier.

Le procès sankara : des risques d’embrasement du pays

Apparemment, la soif de justice des burkinabé ne connaît pas de limite. Après l’inculpation du général, nul doute que d’autres responsables de l’armée pourraient cités à comparaître dans cette affaire surtout le Rsp. Mais la tentative de coup d’état manquée du 17 septembre a montré toute l’instabilité qui guette ce pays. La multiplication des arrestations au sein de l’armée pourrait remettre en cause la fragile stabilité du pays, surtout que des hommes en tenue répondent encore aux ordres de l’ancien président.

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