Une histoire de primes impayées
C’est l’histoire qui anime les réseaux sociaux et la presse locale ces derniers jours en Côte d’ivoire, cette affaire d’accrochage entre patrons chinois et travailleurs ivoiriens qui pourrait conduire à un cul-de-sac diplomatique entre les deux Etats.
Les origines du conflit.
Si ce fait ne s’était pas produit sous nos tropiques on aurait pris cela pour un scénario Hollywoodien tant l’accrochage est improbable .Et oui ce n’est pas un poisson d’avril de mauvais goût mais bien un fait réel qui s’est produit au nord de la Côte d’ivoire sur l’axe routier Odienné-Gbeleban, un axe en plein travaux de bitumage depuis le 25 février 2016.
Selon les travailleurs ivoiriens les employeurs chinois refusent de payer leurs heures supplémentaires. Et pour ne pas arranger les choses ceux-ci ont récemment recruté, pour l’urgence, de nouveaux recrus. Pas question de piétiner leurs droits crient les employeurs locaux qui décident de passer à l’action de la manière la plus radicale selon nos sources.
Les représailles en perspective
Les hostilités ont été lancées ce dimanche 02 avril 2017 aux environs de 10h, nous dit-on. La première escarmouche vient des travailleurs locaux qui ont d’abord commencé à faire déguerpir les travailleurs locaux. «Nous avons demandé qu’on nous paie les heures supplémentaires dès samedi et dimanche. Mais les chinois refusent et menacent de nous remplacer. Ce que nous refusons. Nous avons chassé les nouveaux recrus, ce qui est à la base de l’arrêt du chantier ce weekend » affirme Camara N’ganon conducteur de machines et délégué du personnel. Ensuite ces travailleurs poursuivent leurs revendications en s’attaquant cette fois aux employeurs chinois eux-mêmes, relayent nos sources. Mais mal leur en prit et comme si la légende se réalisait, les chinois auraient pris l’ascendant sur les travailleurs ivoiriens faisant deux blessés parmi ceux-ci, blessures à l’arme blanche rapporte on. Outre ces blessés plusieurs motos ont été emportées sur place.
Comme dans un film chinois
Chang l’un des responsables chinois sur place déplore cet acharnement sur leur communauté pour une affaire qui peut se régler autrement. Sur les réseaux sociaux des photos des affrontements sont publiés. Visages bouffis, contrits, ensanglantés chez les employés. Quoi de mieux pour relancer la légende chinoise des combattants Kung fun. Rire sarcastique chez certains, révolte chez d’autres. En effet quand certains rient de la combativité des chinois d’autres s’inquiètent sur le sort des ivoiriens qui n’ont fait que revendiquer leur droit de travailleurs. Au delà de l’ironie et du ridicule de la situation, c’est le constat amer d’un fait récurrent sous nos tropiques : la maltraitance des travailleurs locaux par les employeurs expatriés surtout les Libanais et les Chinois.
Bavure et conflits diplomatiques ?
Au-delà des parodies sur Facebook sur les éventuels renforts d’Abobo (commune d’Abidjan) pour soutenir leurs frères odiennekas (en référence à l’origine ethnique et politique de ces deux communautés), l’affaire remonterait aux plus hautes sphères de l’Etat.
Résolution diplomatique
Une rencontre de haut niveau aurait eu lieu entre les officiels chinois présents à Abidjan et des autorités ivoiriennes en l’occurrence le plus important d’entre elles, le président de la République, son excellence Monsieur Alassane Dramane Ouattara pour désamorcer la tension.
Un à coup sur la route de l’émergence
Vivement que cet accrochage se résolve afin de relancer la machine émergeante enclenchée depuis quelques années et dont l’un des principaux acteurs est la République populaire de Chine. Sachant l’hospitalité légendaire des Ivoiriens et le sens des affaires des Chinois l’on ne doute pas que cette histoire passera pour anecdote d’ici peu.