Rentrée scolaire 2017 Côte d’ivoire: qu’est ce qui va changer dans l’année ?

La rentrée scolaire 2017-2018 sera marquée par une importante réforme jamais observée dans le système éducatif ivoirien.

Depuis 2011 date de sa nomination au poste de ministre de l’éducation nationale, Kandia Camara n’a eu de cesse de vouloir réinventer l’école ivoirienne en souffrance du fait de la crise militaro-politique qui a secoué la Côte d’ivoire en 2002. L’école fière et valeureuse qu’on a connue avant les années 2000 avait volé en éclat, laissant place à une institution en manque de repère. C’est dans ce cadre que madame la ministre reforme à chaque rentrée notre système éducatif. Mais jusqu’à quel point ?

L’année scolaire 2017-2018 aura également son lot de reformes comme les rentrées antérieures. Ces reformes visent, dit-on, à améliorer l’école ivoirienne et la réactualiser au regard des standards internationaux. Mais qu’a-t-on prévu pour l’année prochaine ? Juste des aménagements au niveau du passage en classe supérieure.

Au niveau des CP1, CE1 et CM1, tout le monde dans le train

Dans un communiqué datant d’avril 2017, la ministre de l’éducation nationale Kandia Camara a révélé les changements qui interviendront dans le système éducatif dès la rentrée prochaine. Au niveau du primaire, les premières années de chaque niveau (CP, CE et CM) à savoir les CP1, CE1 et CM1 passent automatiquement en classe supérieure. Il n’est plus besoin de moyenne ni de composition de passage pour décider si un élève poursuit son parcours ou s’il doit reprendre la classe. Tout le monde est admissible et de cd point de vue, ces classes ne représentent plus que des classes préparatoires pour affronter les deuxièmes années que sont les CP2, CE2 et CM2. Cette décision viserait à faire aller à l’essentiel et ainsi permettre aux élèves d’apprendre rapidement l’essentiel à savoir apprendre à lire, écrire, calculer.

Au niveau des CP2 et CE2, des conditions revue à la baisse

Pour les classes en paire, sauf CM2, les conditions changent, mais elles demeurent aussi flexibles. En effet, la moyenne de passage classique fixée à 5 a été rabaissée à 4. Ainsi, dorénavant avec seulement 4/10 de moyennes le primaire peut passer à l’étape suivante. La moyenne, si elle est encre une, devient plus accessible pour les élèves dits « médiocres ». Cette mesure s’inscrit dans le même ordre que le premier c’est-à-dire ne pas retarder l’élève dans son processus d’apprentissage des bases intellectuelles. Mais cette fois ci, il est possible de redoubler si la Moyenne Générale annuelle requise 4 n’est pas obtenue. Les conditions, quoique toujours largement simplifiées, sont quand même un peu contraignante puisqu’elles demandent un minimum de bagages intellectuel pour continuer le parcours. L’astuce est donc de limiter au mieux les recalages et les redoublements au primaire surtout dans les campagnes où le taux d’échec est élevé.

Au niveau de la 6e à la 3e, une bouffée d’oxygène

Au niveau des élèves du premier cycle du secondaire, l’on retrouve à peu près les mêmes conditions minimalistes de règles au niveau des classes en paire au primaire. En effet il faut désormais 9 de moyenne sur 20 pour aller en classe supérieur au niveau des classes de 6e, 5e, 4e et 3e. Un blackout donc a été fait sur la moyenne c’est-à-dire 10/20. C’est une perche faite aux élèves en deçà du 10 qui peuvent un peu respirer face au goulag que représentait les 10 de moyenne. Dans le même temps ceux qui auront entre 7 et 8,99 pourront redoubler mais ceux en deçà des 7/20 se verront exclus du système sauf décision exceptionnelle. Ainsi après les importantes reformes sur le BEPC, la classe de 3e vient encre de bénéficier d’une grâce du ministre Kandia Camara.
Les avantages d’une telle révision du système éducatif
Les arguments avancés pour l’adoption d’une telle réforme sont divers mais nous en retiendrons les plus essentiels. D’abord ces mesures auraient pour but de permettre aux élèves d’apprendre l’essentiel en classe tout en évitant les renvois handicapants qui mettent hors du circuit des enfants qui finiront dans la rue ou dans le travail des enfants. Aussi cela permettra aux parents de dépenser moins sur leurs progénitures moins performantes à l’école.

Les inconvénients certains d’un tel système

Dans un récent classement des Nations Unies, la Côte d’ivoire occupe la 172e place sur 178 dans le développement du capital humain. En d’autres termes l’école ivoirienne ne forme plus bien. La faute à des reformes qui ont tendance à vendre la médiocrité comme ramener les points du BEPC à 70 avec des coefficients 1 pour toutes les matières. Ainsi cette réforme sur les moyennes de passage, valoriserait encore plus la médiocrité parmi les élèves. Pour bon nombre d’observateurs les élèves de Côte d’ivoire ont un niveau déjà très bas et leur faire cette faveur c’est les inciter davantage à l’improductivité intellectuelle.
Ces nouvelles réformes engagées par le ministère de l’éducation nationale sont perçues comme une bouée de sauvetage aux élèves en difficultés, mais en prenant de telles mesures, la ministre se met à dos plusieurs acteurs de ce système éducatif qui réclament de l’excellence à l’école.

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