Affaire Amy Collé Dieng : la chanteuse mis aux arrêts pour avoir critiquée Macky Sall

Joseph Amenan

La chanteuse Amy Collé a été mise en détention pour avoir traité de « Saï Saï » le Président sénégalais Macky Sall.

Le samedi 5 octobre, elle avait été interpellée pour avoir tenu des propos critiques envers le chef de l’Etat dans une vidéo diffusée sur internet le jeudi 3 août 2017. Hier mardi 8 août, apprend-on, elle a été placée sous mandat de dépôt pour « diffusion de fausses nouvelles ». Il serait normal de chercher à comprendre un peu plus cette arrestation qui s’apparente à un déni de liberté pour apprécier le contexte.

La chanteuse sénégalaise Amy Collé a été présentée le mardi 8 août à un juge d’instruction pour offense au chef de l’Etat. De quoi s’agit-il ? L’Etat est-il dans son bon droit ou abuse-t-il de ses prérogatives ? Nous tenterons d’apporter un début de réponse à travers l’opinion des sénégalais que nous vous exposerons plus bas. D’abord voyons en détail l’affaire.

Amy collé :« Le chef de l’Etat est un bandit froid»

Amy collé Dieng s’est attaquée effectivement au Chef de l’Etat sénégalais dans une conversation réalisée sur sa messagerie instantanée Whatsapp. Dans celle-ci la chanteuse affirme entre autres propos :

« Le chef de l’Etat est un bandit froid, un manipulateur qui emprisonne les innocents et est prêt à tout pour garder le pouvoir ».

Visiblement l’artiste n’y est pas allée du dos de la cuiller pour critiquer le Président sénégalais. Dans ce même enregistrement audio diffusé jeudi dernier sur les sites d’informations, elle affirme sa sympathie pour Abdoulaye Wade et s’attaque aussi à l’organisation du dernier scrutin législatif. Ce scrutin avait été marqué par d’importantes contestations dont le plus celui de Dakar. Rappelons que la coalition dirigée par le Président Macky Sall était largement sortie vainqueur de ce scrutin.

Ses propos ne sont pas du goût des autorités

Ayant eu connaissance des propos de l’artiste, le « Procureur de la République s’est auto saisi » de l’affaire et a lancé la police « aux trousses » de celle-ci, le vendredi 4 août selon Le Soleil, un quotidien pro-gouvernemental. Amy Collé Dieng sera arrêtée et placée en détention provisoire pour « offense au chef de l’Etat » et « diffusion de fausses nouvelles ». Apparemment la loi fondamentale du Sénégal veut qu’on ne badine pas avec l’image du Président de la République. L’on se souvient qu’en juin dernier trois femmes et un homme avaient été inculpés pour « diffusion d’image contraire aux bonnes mœurs et associations de malfaiteurs ».
La défense de l’artiste, assurée par Me Clédor Ly parle de détention « arbitraire » et affirme qu’il existe une disposition juridique qui interdit le placement sous mandat de dépôt en ce qui concerne des peines d’emprisonnement de moins de trois ans.

Les sénégalais réagissent

Les Sénégalais n’ont pas attendu pour réagir face à cette arrestation qui est perçue d’une part comme une entrave à la liberté et d’autre part comme une entreprise légitime qui se situe dans la loi fondamentale. Sur la chaine TFM Didier Awadi le rappeur avait résumé toute cette opinion en ces termes : « Le malheur des réseaux sociaux c’est qu’il y a le meilleur et le pire. Et bien souvent c’est dans le pire qu’on est les meilleurs. Donc c’est vrai qu’il faut réguler, mais en même temps il ne faut pas qu’on tue ce que le Sénégalais a de plus beau c’est-à-dire sa liberté d’expression, sa démocratie, sa liberté d’opinion ».
La mise sous mandat de dépôt de la chanteuse sénégalais Amy Collé Dieng est jugée par la plus part des Sénégalais comme une dérive autoritaire, même s’il faut quelque part aussi réguler la liberté d’expression. Celle-ci n’a pas de limites sur les réseaux sociaux et c’est bien là le danger car la diffamation et la divulgation de fausses nouvelles sont devenus son credo.

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