Cameroun : Le pays serait-il au bord de la sécession ?

Said Koyiami

Le Cameroun connait depuis le début d’année, un regain de tensions lié à des élans sécessionnistes d’une partie du pays.

En effet, Le Cameroun est une République bilingue partagée entre l’Anglais et le Français. Cette particularité a été au fondement de plusieurs revendications souvent réprimées de manière violente. Avec le temps ces revendications ne se sont pourtant pas tues, surgissant de temps à autre à la faveur de circonstances propices. Cette fois-ci, elles ont pris une vigueur et une ampleur telles, que la situation devient à présent inquiétante.

Les populations anglophones du Cameroun ont encore une fois maille à partir avec les autorités de leur pays. Ne s’étant jamais vraiment senti Camerounais, certains d’entre eux ont commencé à réveiller les vieux démons des premières années qui ont suivi l’indépendance. Que se passe-t-il véritablement au Cameroun ? Telle est notre présente préoccupation.

Le Cameroun, un pays bilingue

Le Cameroun a hérité de deux langues nationales à cause de son histoire coloniale. D’abord colonie allemande, elle a été partagée entre la Grande Bretagne et la France, à l’issue de la défaite de l’Allemagne à la première guerre mondiale. Le pays avait alors été divisé en deux parties : l’est francophone et l’ouest anglophone. Après l’indépendance, une partie de la zone francophone, le nord, a préféré être rattachée au Nigeria voisin, tandis que le sud de la zone ouest est resté sous administration camerounaise. La première décennie après l’indépendance a vu le soulèvement de cette partie occidentale, un soulèvement férocement réprimé par l’armée camerounaise appuyée par la France.

Les résurgences d’un vieux contentieux

En fin d’année dernière certains leaders anglophones ont déterré le vieux contentieux. Certains ont réclamé le retour au fédéralisme et d’autres plus radicaux, la sécession. L’Etat Camerounais a dit niet et les velléités furent matées dans un contexte de lutte contre Boko Haram. L’armée a tôt fait d’accuser les populations de sympathie pour le mouvement islamiste. En début d’année 2017, la contestation s’est poursuivie et les Anglophones parlaient de plus en plus d’un Etat autonome. Ils l’ont alors baptisé Republic of Ambazonia ou Republic of Southern Cameroons ou encore Republic of West Cameroon. Pour eux ils n’étaient plus question qu’ils restent des citoyens de seconde zone après 56 ans d’Independence.

La montée des tensions

La semaine dernière, des activistes pro-sécession se sont rendus coupables d’un acte anti-camerounais. En effet, des Camerounais d’expression anglaise ont malmené le drapeau camerounais à l’ambassade du Cameroun au Canada. Ils voulaient ainsi signifier qu’ils n’appartenaient plus à la République actuelle du Cameroun. Cette action a fait réagir les autorités camerounaises comme l’universitaire Prosper Nkou Mvondo, président du parti Univers. Hier dimanche, sur les antennes de la chaine de télé Equinoxe, il avait lancé aux sécessionnistes : « Que les Ambazoniens laissent mon pays le Cameroun tranquille ! ». L’homme politique les appelle « Assaillants » plutôt que « Sécessionnistes ». Les Anglophones, qui représentent 20% de la population du Cameroun, ne s’inscrivent pas dans la même terminologie. Ils veulent l’indépendance maintenant car ne pouvant plus rester en marge de la vie camerounaise. Selon eux, ils ont toujours servi de bêtes de somme, alors que leur territoire (dont Bamenda) serait le poumon de l’économie du pays. Ils en appellent en outre à l’ONU, censée lutter contre les injustices et œuvrer pour l’autodétermination des peuples.
Il est plus qu’urgent que les autorités camerounaises prennent les décisions justes pour enterrer une bonne fois pour toutes ces revendications. Si le problème n’est pas résolu très vite, le risque d’aboutir à une partition du Cameroun ne pourra être que concrétisé. Il revient au gouvernement, avec à sa tête le Président Paul Biya, d’écouter les populations anglophones pour arriver à bâtir une nation plus juste et plus inclusive pour tous.

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