Burkina Faso : une Tabaski dans un contexte de deuil et d’insécurité

by Stephane Henri

La Tabaski au Burkina Faso cette année se déroule dans une atmosphère plus que morose.

En effet, le pays est secoué par une série d’évènements qui ont considérablement dégradé la bonne humeur des populations. Attentats, attaques terroristes, deuil national, le pays des hommes intègres subit les foudres du malheur. Le pays vit désormais comme sous un état d’urgence qui ne semble pas dissuader les assaillants.

L’attaque de jeudi dernier au soir près de la frontière malienne vient souligner la précarité de la situation sécuritaire.
C’est dans ce contexte délétère que les Burkinabés fêtent aujourd’hui l’Aïd El Kebir dénommé Tabaski en Afrique de l’Ouest. Cette fête, la plus importante de l’Islam, fait suite au Pèlerinage à la Mecque. Voyons comment les populations burkinabés vivent la Tabaski en ce contexte de deuil et de troubles.

Tout un pays endeuillé

La semaine dernière l’honorable Salif Diallo président de l’Assemblée Nationale du Burkina Faso avait rendu l’âme en France. Son corps avait été ensuite rapatrié dans son pays, le Burkina Faso. Le gouvernement avait alors décrété 3 jours de deuil national. Tous les Burkinabés lui ont rendu un vibrant hommage à la hauteur de son statut. A l’occasion de ses obsèques presque tous les hommes politiques de la sous-région avaient effectué le déplacement à Ouagadougou. Le vendredi 25 août son corps avait été inhumé dans son village natal à Ouahigouya. C’est tout le Burkina qui a pleuré cet homme fort du régime de Roch Christian Kaboré.

Les attaques ne faiblissent pas

Une semaine avant le décès de l’ex président de l’Assemblée Nationale Salif Diallo, une attaque terroriste avait frappé Ouagadougou, précisément au restaurant Capuccino sur l’avenue Kwame Nkrumah. L’attaque a été menée le soir du 13 août et avait fait une vingtaine de victimes dont des étrangers. Cette autre attaque avait durement touché ce pays qui n’est pas une cible habituel du terrorisme. Hier, veille de la Tabaski, une attaque a encore été signalée à la frontière malienne. Plusieurs coups de feu auraient été entendus aux environs de 21h30 ce jeudi dans un poste de gendarmerie de Djibasso, une ville située à 20 kilomètres de la frontière malienne. Selon les témoignages, six individus armés sont venus à bord de motos et ont pris pour cible la gendarmerie. Ils se seraient par la suite enfuis vers les falaises de Bandiagara, un lieu de retraite prisé des terroristes.

Comment les Burkinabés fêtent la Tabaski

C’est dans ce contexte que les Burkinabés fêtent aujourd’hui l’Aïd El Kebir plus connu sous le nom de Tabaski en Afrique de l’ouest. Cette année le prix des moutons de sacrifices seraient un peu trop élevé pour la plus part des fidèles musulmans. Tandis que les clients décrient la cherté des bêtes, les commerçants se plaignent de la lenteur des ventes. Les Burkinabés sont pourtant contraints d’acheter ces moutons primordiales pour la fête de la Tabaski. Certains espèrent que le sacrifice des moutons permettra de conjurer le mauvais sort qui s’abat sur le pays. Le quotidien Le Pays affirmait d’ailleurs « Puisse le sang des béliers charrier les malheurs qui frappent le Burkina ».
Les musulmans du Burkina Faso et les populations burkinabés dans leur ensemble passeront une Tabaski particulière. Après les malheurs qui ont frappé le pays, les fidèles musulmans espèrent qu’Allah bénira leurs sacrifices. Aujourd’hui plus qu’hier, le sacrifice des moutons aura une importance plus qu’alimentaire. Cependant il n’est pas certain que tous les foyers aient leurs moutons. Poulets, pintades ou cabris pourront alors faire l’affaire. C’est le geste qui compte après tout.

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