Gabon : interdiction de sortie du territoire pour Jean Ping

by Joseph Amenan

Jean Ping et certains leaders de l’opposition gabonaise ont été sommés de ne pas quitter le territoire.

Cette interdiction de sortie du territoire a été décidée hier dans la soirée pour des raisons de sécurité nationale. Bien que l’élection présidentielle date de l’année dernière, la tension n’a aucunement baissé. Mieux, Jean Ping et son clan invite au soulèvement populaire et à l’insurrection. Des appels qui inquiètent le pouvoir d’Ali Bongo. Prudent, il défend à ses adversaires de ne pas quitter le territoire gabonais.

En réaction de cette mesure restrictive, l’opposition menée par Jean Ping entend manifester en ce jour du lundi 4 septembre 2017. Quand l’intimidation s’oppose à l’intimidation l’on est en droit de se demander ce qui se passera par la suite. La radicalisation des positions risquent à nouveau d’enflammer le pays dès aujourd’hui.

Une contestation qui ne faiblit pas malgré le temps qui passe

Le cours des événements au Gabon donne un air de déjà-vu. Pour ne pas dire que c’est un remake de l’élection présidentielle ivoirienne de 2011, il y ressemble beaucoup. Le vaincu désigné qui ne cesse de clamer haut et fort sa victoire au nom de la fraude quand l’autre n’a toujours pas convaincu sur sa victoire réelle. Plus près encore nous avons le scrutin kenyan, heureusement annulé grâce au courage et à la sagesse de la Cour Suprême. En effet, Jean Ping avait été officiellement battu le 27 août 2016 par Ali Bongo, mais il n’a jamais reconnu sa défaite. Des violences avaient alors eu lieu, mais le régime a vite maitrisé la situation. Par la suite Jean Ping s’est plusieurs fois exprimé sur les médias internationaux pour répéter qu’il avait gagné l’élection présidentielle. Un an après Jean Ping n’en démord pas et il appelle de plus bel à l’insurrection populaire à l’occasion de l’anniversaire de sa défaite/victoire présumée.

Libreville se montre prudent

Les autorités gabonaises ont lancé une interdiction de sortie du territoire à Jean Ping et d’autres leaders de l’opposition. Outre Jean Ping, cette mesure concerne des personnalités comme Casimir Oye Mba, ancien Premier ministre, et Albert Ondo Ossa, ancien candidat à l’élection présidentielle de 2009. Le pouvoir de Libreville accuse Jean Ping de « propos séditieux » et d’appel « au trouble à l’ordre public, à la rébellion et à l’insurrection ». En effet, le 18 août dernier, Jean Ping avait fait une allocution où il appelait le peuple gabonais à « se lever comme un seul homme pour marquer solennellement (son) arrivée au pouvoir ». Le gouvernement a donc pris au pied de la lettre ces propos de l’opposant et décidé de prendre des mesures idoines pour parer au pire.

Jean Ping donne sa réponse

Contacté par l’AFP Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi, le porte-parole de Jean Ping avait déploré : « De manière arbitraire et illégale, ce pouvoir a désormais entrepris de séquestrer les opposants à l’intérieur du territoire ». Face à cette restriction de déplacement, Jean Ping et les siens ont prévu un rassemblement ce lundi dans un collège de Libreville. Il est prévisible que l’Etat gabonais surveillera méticuleusement ce rassemblement dans la capitale. Bien que le gouvernement ait affirmé que cette mesure n’est que provisoire, l’opposition y voit une violation de sa liberté de mouvoir.
Le régime d’Ali Bongo se protège autant qu’il peut des velléités de l’opposition qui tient toujours à « sa victoire » du 27 août 2016. Il serait peut-être temps de tourner la page après un an d’exercice d’Ali Bongo. L’invraisemblable serait qu’il quitte le pouvoir maintenant. Il serait temps de lutter plutôt pour qu’à l’avenir le scrutin présidentiel soit plus transparent et juste. Pour cela il faudra des institutions fortes et indépendantes des organes politiques.

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