Côte d’Ivoire : un affrontement surréaliste de deux groupes de microbes filmé

by Joseph Amenan

Les microbes, voilà bien un phénomène qui mine la Côte d’Ivoire depuis au moins sept années.

Il est apparu au lendemain de la crise post-électorale et continue, depuis, d’endeuiller familles sur familles. Dernière victime en date, un policier égorgé à Yopougon à la veille de la Tabaski.

Les populations sont terrorisées par ces adolescents qui agissent impunément et parfois au nez et à la barbe des forces de l’ordre. Comme dans un no man’s land, ces microbes, connus aussi sous l’euphémisme d’« enfants en conflit avec la loi » ont fait à nouveau sensation.
Dans une vidéo publiée sur le net le samedi dernier, ils ont à nouveau fait montre de la violence qui les caractérise désormais. Comme dans un film sur les enfants soldats libériens on les voit parader avec des armes blanches. Les populations affolées ou médusées assistent impuissants à la scène. Décortiquons à présent la vidéo et les réactions des internautes.

Deux gangs s’affrontent en plein jour

La vidéo a été filmée par un internaute le samedi 2 septembre dernier. Elle a été par la suite publiée sur internet, plus précisément sur Facebook. Notre source d’information ici est la page Facebook du groupe Ovajab Media, LLC. Elle nous servira constamment de référence. La scène se passe dans la matinée dans la commune de Koumassi à Abidjan. Deux factions de gangs à la machette, plus connus sous le nom de « microbes » s’y illustrèrent tristement. Au regard du cadre, les faits se passent dans un quartier précaire à Koumassi en témoigne les taxis verts. On y voit d’abord un groupe de microbes surgir d’une intersection, machette à la main. Ils sont 5 à 7 individus sur la voie publique, surexcités et gesticulant fortement tout en avançant. Bientôt l’on aperçoit un autre groupe à la droite, lui aussi aiguisant ses machettes sur le bitume. On peut compter 5 à 6 individus également. Ce dernier groupe se montre plus menaçant et réussit à faire reculer le premier. La première bande de microbes reculent alors jusqu’à quitter le champ de l’internaute qui filmait. L’on ignore par la suite ce qui advint dans la débandade, mais tout se passa comme si tout le monde s’était accoutumée à cette scène. Bien que certains habitants se précipitent dans leurs maisons pour se réfugier, beaucoup d’autres regardaient simplement, en spectateurs impassibles.

Les internautes choqués

Pour de nombreux internautes, la situation est plus que critique et témoigne de l’aspect délétère de la sécurité en Côte d’Ivoire. « Dans quel pays sommes-nous ? La machette et les fusils font la loi et le gouvernement reste muet », « Vraiment ce n’est pas possible, on n’est plus en sécurité dans ce pays », « Je ne reconnais plus mon beau pays » disent quelques internautes carrément sidérés sur la page Facebook d’Ovajab. Si certains se limitent à déplorer la situation, d’autres s’attaquent à l’Etat qu’ils accusent de couver le phénomène à défaut de le nourrir. La récente remise en liberté des microbes ayant égorgé le policier à Yopougon conforte les partisans de cette thèse.

La situation devient plus qu’inquiétante

Au fil des semaines, les microbes se montrent plus hardis. Devant la passivité fautive du gouvernement, ils se croient tout permis et opèrent désormais en plein jour. Le phénomène est donc toujours très ravageur malgré les opérations effectuées par l’Etat pour en venir à bout. Bien que l’Etat ait initié des programmes de réinsertion sociale par des formations et des rééducations, rien ne semble avoir changé. A ce rythme les « enfants en conflits avec la loi » risquent de faire encore plus mal avec cette sorte de quitus ou de bénédiction gouvernementale qui ne dit pas son nom.
C’est trop dire d’affirmer que le gouvernement soutient les actions meurtrières des microbes, mais en tout cas son laxisme est un terreau à l’expansion de ce phénomène. Il est bien d’inventer un euphémisme pour faire comprendre que ce sont nos enfants après tout, cependant il faut bien prendre le taureau par les cornes. Ce sont des vies humaines qui sont arrachées chaque jour et les populations ne pourront plus tolérer ce laxisme pendant encore longtemps. Avant que la situation ne dégénère en règlement de compte aveugle, il appartient à l’Etat d’agir maintenant même. L’affrontement du jeudi, est peut-être la nouvelle étape de ces enfants en conflits avec la loi.

Tu pourrais aussi aimer