Les jours se suivent et se ressemblent au niveau de la sécurité en Côte d’Ivoire.
Passons sous silence les attaques des bases de l’armée par de petits commandos isolés pour nous focaliser sur les évasions massives de prisonniers. Hier dimanche, une importante évasion de prisonniers a été constatée à la prison civile de Katiola, au centre de la Côte d’Ivoire.
Après Gagnoa, Plateau c’est autour de Katiola de voir son lot de quidams dans la nature. Comment a pu se dérouler cette énième opération ? C’est la question que l’on se pose après une telle révélation.
Les évasions qui se multiplient ces dernières semaines ne sont pas de nature à rassurer les populations ivoiriennes. Non seulement elles font peser des menaces d’insécurité, mais également elles suscitent des préoccupations majeures. En effet, l’on se demande à juste titre ce qui sous-tend toutes ces opérations spectaculaires. Essayons d’y voir un peu plus clair.
Une évasion bien massive
Comme signalé hier, plusieurs prisonniers se sont enfuis de la prison civile de Katiola une ville située au centre de la Côte d’Ivoire, à 45 kilomètres au nord de Bouaké. Au total il y a eu plus de 90 prisonniers ; d’autres organes de presse parlent de 100 individus qui se seraient évaporés dans la nature. La cavale se serait produite entre 5h et 6h du matin de ce dimanche 3 septembre 2017. Selon une source sécuritaire, ils sont passés par le toit de leurs cellules, en profitant de l’inattention des agents qui étaient occupés aux premières corvées de la journée. « Au levée du soleil, il y a eu un mouvement. Tout est allé tellement vite qu’on a rien compris. Des nôtres ont tenté de leur barrer la route, mais ils les ont frappés », avait confié un gardien dans les colonnes de Koaci.com. Les évadés seraient des proches de Yakou le Chinois, un ex chef milicien pro-Ouattara mort en prison en début d’année 2016. « Ils avaient des clés et des armes, c’est évident qu’ils ont été aidés » confie une source. La piste de la complicité est bien réelle au regard du cours des évènements.
La réaction des autorités
La même source de Koaci.com avait affirmé «Bizarrement aucun renfort n’est venu pour nous aider. Ils ont créé un mouvement et sont partis. Nous on ne pouvait rien faire pour les retenir ou les pourchasser ». Cette information laisse sous-entendre que la passivité de l’armée est bien coupable. L’enchainement des évènements laisse croire qu’on ne voulait pas empêcher leur fuite. Cependant, des heures plus tard, les autorités déclareront avoir mis la main sur certains fugitifs. « Certains ont été appréhendés par les forces de police et de gendarmerie » avait confié Joachim Koffi Kongoué, directeur de l’administration pénitentiaire.
Comment comprendre cette série de cavale
Cette évasion d’une centaine de prisonniers de la prison civile de Katiola fait suite à celle de Gagnoa dans le centre ouest le 6 août et celle du Plateau deux jours plus tard. En l’espace d’un mois le pays a connu trois mouvements de cavale spectaculaire. L’heure est donc aux questions. Que cachent toutes ces évasions spectaculaires ? Sont-ce là une manœuvre politique ou les premières phases de troubles à venir ? En Côte d’Ivoire, les évasions de prisonniers ont presque toujours coïncidé avec des actions de déstabilisations.
L’évasion record de la prison de Katiola est un fait très intriguant. Elle l’est en elle-même, mais aussi dans sa relation avec les précédentes. Bien que les autorités judiciaires disent s’activer pour rattraper tous les fugitifs, il est clair que beaucoup réussiront à s’échapper pour de bon. Dans un pays déjà en proie microbes et aux mutineries, des prisonniers en cavale sont une menace supplémentaire pour les populations. Vivement que l’Etat prenne ses responsabilités pour assurer la sécurité de ses administrés au risque de voir de plus grandes dangers se developper.