L’activiste franco-béninois Kemi Seba a été finalement expulsé du Sénégal après moult démêlés avec la justice et les autorités sénégalaises.
L’homme, véhément et difficilement maitrisable, avait donné des insomnies à l’Etat sénégalais, soucieux de ne pas froisser ses amis de la Communauté internationale. C’est tout naturellement que l’activiste a été prié de quitter le territoire de la Teranga et de rejoindre sa patrie d’origine, la France. Il s’en est allé, en revanche, sans sa femme et ses enfants.
Il a quitté précipitamment le Sénégal dans la soirée d’hier et c’est très tôt ce matin qu’il a posé les pieds sur le territoire français. Son exil sénégalais n’aura été qu’un court rêve. Néanmoins, bien qu’il soit loin à présent de son Afrique, l’activiste n’entend pas abandonner pour autant ses projets panafricanistes et sa lutte sans merci contre le Franc CFA.
Un hôte embarrassant
Installé au Sénégal depuis février 2011, l’activiste Kemi Seba était devenu persona non grata dans plusieurs pays occidentaux. Il fut plusieurs fois refoulé ou interdit d’entrer dans un territoire. Pourtant au Sénégal il jouissait d’une certaine estime. Cependant l’homme demeurait peu connu des populations pour lesquelles il disait lutter. C’est à la faveur d’une action symbolique qu’il se révéla à l’ensemble du public africain, du moins francophone. Le 19 août, sur la place de l’obélisque, il avait brûlé un billet de 5.000 Franc CFA en protestation contre cette monnaie. C’était le geste de trop pour l’Etat sénégalais qui pensait avoir été assez tolérant envers ce militant indésirable en Europe. Il est emprisonné puis relâché le 29 août contre toute attente. Ses partisans crièrent alors victoire. Malheureusement la joie sera de courte durée, l’homme a été sommé de quitter le territoire sénégalais hier mercredi.
Un avis d’expulsion dare-dare
Tout s’est passé tellement vite, que l’activiste a juste eu le temps de ranger sa valise. Selon son avocat Me Koureichi Ba, l’avis d’expulsé a été délivré mercredi dans l’après-midi, précisément à 14 heures. La justice a donc pris tout le monde au dépourvu. Dans la soirée de ce même mercredi il s’était envolé pour la France. Au micro de Jeune Afrique, Kemi Seba s’est voulu héroïque : « Jamais noyé, juste en apnée » s’était-il dit. Les organisations de droits de l’homme locales, avec à leur tête Amnesty International avaient conjointement dénoncé « une procédure tout à fait arbitraire ». L’homme, partir de Dakar à 23h40 hier, serait arrivé ce matin en France à 7h15, heure locale.
La lutte continue malgré tout
Kemi Seba est rentré chez lui en France, mais il n’entend pas abandonner la lutte en si bon chemin. Tantôt traité de héros, tantôt de fanfaron, même par ses frères africains, Kemi Seba se voit doter d’une mission libératrice. Sa femme, restée au Sénégal, et ses collaborateurs l’ont accompagné jusqu’à la porte de son Corsair SS979. Sur la toile c’est l’écœurement car on ne comprend pas le geste de l’Etat sénégalais. Certains y voient la main obscure de la France pour mettre en joue le suprématiste noir. Par contre d’autres estiment que la justice sénégalaise et le pouvoir de Macky Sall ont bien fait de mettre dehors ce trublion.
Kemi Seba a rejoint son pays natal la France hier soir. Ses détracteurs se réjouissent enfin de le voir hors d’Afrique. Ses sympathisants, en revanche, se mobilisent pour continuer la lutte, même séparé de leur leader. Avec la véhémence qu’on lui connait, l’on doute fort qu’il se taise enfin une fois en France. Les accrochages avec la justice française sont clairement prévisibles. A présent c’est le pouvoir sénégalais qui reçoit les œufs frais pour sa supposée trahison au peuple noir africain.