Cameroun : les Bétis réclament aussi la libération de leurs fils à l’instar des anglophones

Joseph Amenan

Le peuple Béti du Cameroun réclame aussi la libération de ses fils emprisonnés par Yaoundé.

Récemment le Président Paul Biya avait gracié un important lot de prisonniers pour baisser la tension politique qui montait en crescendo dans le pays ou plutôt à l’ouest du pays. En effet des leaders de la contestation anglophones avaient été libérés par un décret du chef de l’Etat camerounais, la semaine dernière. Sous la pression de plus en plus croissante des peuples du Sud-ouest et du Nord-ouest en avait-il le choix ?

Comme une boîte de Pandore que Yaoundé a ouvert, d’autres peuples désirent maintenant bénéficier de la même grâce présidentielle. Le peuple Béti réclame également la libération de ses fils enfermés pour d’autres affaires. Ce vœu a été formulé dans une lettre adressée au Président de la République son Excellence Paul Biya.

La pression des anglophones a eu raison de l’intransigeance de Yaoundé

Suite aux manifestations de décembre 2016 et de janvier 2017, des leaders de la contestation anglophone avaient été incarcérés par le régime de Yaoundé. Malgré la répression, la dynamique ne s’est pas rompue, elle s’est plutôt durcie. En août, des expatriés anglophones avaient envahi les bureaux des ambassades du Cameroun au Canada et en Allemagne pour brûler le drapeau national. Face à la montée des violences et des frustrations, l’Etat camerounais avait décidé de poser un acte fort. Paul Biya en personne avait décidé de faire libérer une trentaine de prisonniers anglophones sur la cinquantaine arrêtée. Par cet acte magnanime (si c’est le juste mot), Paul Biya a montré sa volonté de régler la crise qui mine le pays. A présent les anglophones demandent que leurs camarades encore en prison soient aussi libérés avant d’entamer tout dialogue avec le pouvoir. Dans le même temps d’autres peuples espèrent que l’Etat fasse le minimum pour leurs enfants emprisonnés.

Non, pas de deux poids deux mesures envers le peuple camerounais

Dans une lettre adressée à Paul Biya, l’association des Patriarches Béti réclament la libération de leurs frères emprisonnés pour détournements de fonds publics. Ils réclament la même magnanimité présidentielle au motif que leurs frères ne méritent pas plus la prison que les militants anglophones qui ont brûlé l’emblème national. « Certains de nos compatriotes ont déjà bénéficié de votre clémence. Nous, patriarches du Mfoundi, venons très respectueusement par la présente vous soumettre la cause de nos frères qui sont toujours privés de liberté, et qui n’en demeurent pas moins vos fils » peut-on lire entre autres dans cette lettre. Selon Emile Onambélé Zibi, président de l’association des Patriarches du Mfoundi c’est une injonction au Président pour tout simplement « élargir sa générosité à ses autres fils ».

Un geste louable qui risque de devenir un vilain exemple

Ne dit-on pas qu’un père doit être équitable ? Paul Biya doit à présent répondre à cette demande et continuer sa mansuétude présidentielle. Certains auraient menacé l’intégrité même du pays quand d’autres se seraient juste rendus coupables de quelques larcins. C’est bien la boîte de Pandore qui vient d’être ouverte. Si le Président Paul Biya adhère à cette demande il est clair que tous les autres peuples du Cameroun suivraient l’exemple. A cette allure le gouvernement ne s’en sortirait plus. Difficile problématique pour le pouvoir qui ne peut ignorer la portée de son geste, lui garant de la justice.
Comme le cadeau du Père Noël, les Bétis demandent à présent que la bienveillance du chef de l’Etat camerounais s’entende aussi à leur région. Difficile de ne pas y voir une menace à peine voilée, à savoir que les autres peuples n’hésiteront pas à réclamer véhément les mêmes faveurs. Peut-être qu’une intransigeance du pouvoir permettra de fermer, pendant qu’il est encore temps, cette boîte de Pandore. N’est-ce pas que la politique n’a rien à voir avec la morale ?

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