Côte d’Ivoire : la FESCI décidée à aller jusqu’au bout

by Joseph Amenan

La Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire est décidée à aller jusqu’au bout dans sa lutte contre l’escroquerie sur l’inscription organisée par les responsables d’établissements publics et privés du pays.

Après une phase de prévention qui n’a pas porté ses fruits, elle passe à l’offensive sur le terrain. Hier mercredi, la manifestation qu’elle avait entreprise a été dispersée à coups de lacrymogène et de matraques par la police nationale. Plusieurs étudiants ont même été arrêtés. Les images de cette répression ont fait le tour de la toile en temps réel.

Face à la réaction des forces de l’ordre, la FESCI affirme qu’elle ira désormais jusqu’au bout du combat, jusqu’à ce que cesse les inscriptions physiques. Aujourd’hui jeudi elle appelle les parents d’élèves à se mobiliser pour faire plier les autorités. Des heures chaudes s’annoncent incontestablement.

Protestation contre les frais des inscriptions physiques

La rentrée scolaire 2017-2018 a commencé du mauvais pied avec un scandale sur l’inscription. Dans sa politique de l’école gratuite, l’Etat de Côte d’Ivoire avait décidé de réduire considérablement les inscriptions dans les établissements secondaires publics et privés. Ainsi les parents d’élèves devaient juste payer 6.000 francs pour leurs enfants au public et 3.000 francs pour ceux qui sont au privé. Mais au lieu de cela c’est au moins 15 à 20.000 pour les élèves au public et 20 à 30.000 pour ceux qui fréquentent le privé. Jugeant intolérable ces frais supplémentaires, la FESCI, le principal syndicat estudiantin de Côte d’Ivoire a décidé de passer à l’action pour se faire entendre.

La FESCI hausse le ton

La journée de mercredi fut marquée par la répression de la manifestation des étudiants de l’Université de Cocody. Au lieu de les encadrer, la police se serait littéralement déchainée sur eux. Courses poursuites, gaz lacrymogène, bastonnades auraient été au menu de la protestation. Une série de photos et d’images a circulé hier sur la toile. Dans l’une de ces vidéos un véhicule de la police fonçait sur des étudiants en débandade. Dans une autre vidéo c’est un étudiant copieusement battu par trois policiers derrière une muraille loin de tout regard indiscret. A la Cité Rouge la police aurait encerclé tous les bâtiments et embarqué tout le monde. A travers un communiqué de son secrétaire général publié hier, la Fesci fait état de plusieurs arrestations et blessés au sein des étudiants. Dans ce communiqué adressé aux autorités, dont le Président Alassane Dramane Ouattara lui-même, Assi Fulgence appelle les parents d’élèves à « se mobiliser dès demain jusqu’à ce que cette escroquerie organisée et rentable cesse définitivement ». Enfin il soupçonne la police de programmer son arrestation pour « briser l’élan de la mobilisation ».

Kandia Camara rouvre les inscriptions en ligne

Tandis que les étudiants sont entrés dans l’arène pour réclamer la fin de l’arnaque dont sont victimes les parents, Kandia Camara décide de temporiser. La ministre de l’éducation nationale et de la formation professionnelle a annoncé la réouverture des inscriptions en ligne. Celles-ci devront se dérouler sur une période de dix jours. Cette mesure ferait suite à la revendication des parents d’élèves. Difficile de ne pas y voir une pression de la Fesci dont la force de frappe est bien réelle.
Les inscriptions physiques de la rentrée 2017-2018 sont perturbées ces jours-ci avec le boycott lancé par la FESCI. L’appel est généralement suivi grâce à la forte influence de ce syndicat qui traverse les régimes de Côte d’Ivoire. Avec la bastonnade d’hier et les arrestations massives, c’est sûr que la police a mis de l’huile sur le feu. Les jours prochains seront très mouvementés si le gouvernement ne prend pas des mesures d’apaisement attendues.

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