Togo : opposition et pouvoir s’écorchent sur le lexique constitutionnel

Depuis quelques semaines le peuple togolais, dans sa majorité, est dans la rue pour protester contre un 3e mandat de Faure Gnassingbé au pouvoir depuis 2005 suite au décès de son père, feu Gnassingbé Eyadema.

La jeunesse togolaise qui n’a connu que la dynastie Gnassingbé à la tête de son pays, désire un changement. Cette jeunesse a été rejointe ou soutenue par d’importantes associations des droits civiques et même par l’évêché du Togo qui appelle le pouvoir à la sagesse.

Pendant que l’opposition et la rue demande la restauration de la constitution de 1992 qui limiterait le nombre de mandats, le pouvoir en place propose une révision constitutionnelle. Dans celle-ci elle prendrait soin de supprimer un terme qui constituerait une entrave à sa pérennisation.

Les Togolais ne veulent plus de la dynastie Gnassingbé

Depuis début septembre la jeunesse togolaise est en alerte maximale pour mettre fin au règne sans partage de la famille Gnassingbé. Cette génération qui n’a connu que des Gnassingbé au pouvoir, réclame le changement maintenant. Au son de « Cinquante ans de règne ça suffit » et « Togo debout pour ta liberté », les jeunes sont descendus massivement dans la rue. A Lomé ils étaient 100.000 pour Amnesty International et 1.000.000 selon Jean-Pierre Fabre, leader de l’opposition. Avec eux ils avaient le soutien de plusieurs organisations non-gouvernementales et surtout e l’Eglise togolaise. Ces manifestants réclament un retour à la Constitution togolaise de 1992 qui limitait le nombre de mandats. Cette restriction se trouve dans l’expression « en aucun cas ». L’opposition, qui réclame le retour de la Constitution originelle, table sur cette mention pour évincer Faure Gnassingbé du pouvoir.

Le pouvoir n’entend pas se laisser faire

Après avoir essuyé un échec dans sa tentative de réforme constitutionnelle, vue d’un mauvais œil par l’opposition et la rue, le pouvoir togolais mise désormais sur sa mainmise sur l’Assemblée nationale pour bloquer tout projet de loi visant à restaurer l’article 59 de la Constitution de 1992. Le gouvernement affirme que la loi ne dispose que de l’avenir, en d’autres termes une révision est faite que pour l’avenir et non pour le présent. Or dans le cas d’espèce, l’opposition demande de Faure Gnasingbé après son mandat de 2020. Nous serions donc dans l’actualité alors que la loi n’est pas faite pour le présent ni par rapport à un individu.

L’opposition signe et persiste

Quant à l’opposition, elle parle de rétroactivité de la loi constitutionnelle qui empêcherait le président togolais de ne plus se représenter puisqu’il a déjà fait deux mandats en plus de l’intérim de son père. La jeunesse et l’opposition reste donc fortement mobilisé pour faire barrage à toute tentative de manipulation constitutionnelle. La coalition anti-Faure a prévu de nouvelles manifestations les mercredi 20 et jeudi 21 septembre. Des voix autorisés comme Amnesty International, Angélique Kidjo et la conférence des Evêques du Togo soutiennent l’initiative de la société civile, de quoi à plomber les manœuvres du régime.
Les prochaines heures s’annoncent chaudes au Togo. La société civile appuyée par l’opposition a prévu des manifestations d’envergure demain et jeudi pour s’opposer au tripatouillage constitutionnel. Le retour à la Constitution de 1992 risque de faire très mal au pouvoir Gnassingbé car il serait frappé par sa rétroactivité. La loi serait claire là-dessus même si des constitutionnalistes mandatés par le pouvoir trouvent un moyen de lire autrement la restauration dudit article.

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