Qui a bien pu brûler le Collège Sacré Cœur de Bamenda ?
Cet établissement qui est presqu’une institution dans la région anglophone du Cameroun vient de subir la rage du feu. L’école aurait été totalement consumée par l’incendie déclaré dans cette nuit du mardi au mercredi. L’on s’étonnerait encore qu’aucune perte en vie humaine n’ait été enregistrée malgré l’importance des dégâts matériels.
Au lendemain du drame, la communauté anglophone de Bamenda s’interroge sur les origines de cet incendie qui aurait pu être tragique. Pour certains, les responsables ne peuvent être que ceux qui s’opposent à la sécession des régions anglophones. Face au contexte politique et scolaire de ces régions, il est difficile de ne pas creuser cette piste, quel que peu plausible.
Les régions anglophones s’agitent à nouveau
Depuis le mois de juillet, la contestation anglophone du Cameroun a repris du poil de la bête. Les régions du sud-ouest et du nord-ouest sont à nouveau le foyer de tensions entre l’Etat camerounais et les leaders sécessionnistes. En fin août, le gouvernement de Paul Biya avait tenté d’apaiser ces citoyens en procédant à la libération de 30 des 50 activistes arrêtés à la suite des troubles de début 2017. Le gouvernement voulait par cet acte calmer le jeu et surtout éviter le boycott de la rentrée scolaire. C’était peine perdue car le lundi 4 septembre, les classes n’ont pas rouvert dans la partie anglophone. A Buéa comme à Bamenda les portes des lycées et collèges sont restées closes. Au collège Sacré Cœur de Bamenda, c’est le silence qui se faisait entendre. Cette action a été mal interprétée par Yaoundé qui y a vu une traitrise après sa magnanimité. Le problème c’est que les Anglophones réclament bien plus qu’un acquittement de quelques leaders triés sur le volet.
Sacré Cœur de Bamenda en feux et en cendres
C’est dans ce contexte morose de «rentrée scolaire morte » que le prestigieux collège Sacré Cœur de Bamenda a été victime d’un incendie ravageur. Le feu s’est déclaré cette nuit dans les dortoirs dudit collège. Il aurait détruit une trentaine de lits et de nombreuses fournitures appartenant aux élèves. Il faut préciser que cet établissement est un lycée pour garçons. Après l’incendie, les parents se seraient dépêchés de venir chercher leurs enfants. Sur des images publiées sur internet, l’on peut voir d’impressionnantes ruines. Partout de la fumée, des flammes, des bûches, bref tout est parti en feu. Il apparait miraculeux que tout le monde s’en soit sorti indemne.
Les responsabilités sont vite situées
Selon les responsables du Collège Sacré Cœur, l’incendie aurait été déclenché par des personnes non encore identifiées. Le feu serait par conséquent de nature criminelle. Bien que l’acte pyromane n’ait pas encore été revendiqué, les habitants de Bamenda préfèrent y voir une main diligentée. En effet, le collège pourrait avoir été victime de représailles d’individus qui n’auraient pas apprécié le boycott lancé par les régions sécessionnistes. Une action punitive, voilà ce qui pourrait expliquer ce sabotage nocturne. En tout cas telle est la version des autorités et des populations anglophones de Bamenda.
C’est un coup dur pour le Collège Sacré Cœur de Bamenda que d’avoir perdu, en cette nuit, une bonne partie de ses installations. Symbole de la « rentrée scolaire morte » elle pourrait avoir payé l’affront lancé par les sécessionnistes au pouvoir de Paul Biya. Il faut rester néanmoins prudent car rien ne prouve jusqu’à présent que l’incendie soit un acte de représailles infligé par des sympathisants de Yaoundé. Il faut laisser la police travailler pour en trouver la cause. Pour l’heure l’armée a été mobilisé pour assurer la protection des lieux.