Mali : Les femmes de Kidal demandent à la force Barkhane de partir

Fatou Touré

L’opération Barkhane au Mali a mené dimanche un assaut contre des présumés terroristes dans la ville de Kidal au nord-est du pays.

Cette action s’est soldée par des arrestations et des dégâts matériels dont les photos ont été publiées sur internet. La manœuvre a indigné les habitants de Kidal qui manifestaient, depuis quelques années, une forme d’impatience envers la force française.

Les femmes de Kidal se révoltent contre l’opération Barkhane. Celle-ci aurait surpassé sa lettre de mission, allant jusqu’à investir les maisons sans préavis. Cette fois ci c’est la tension de trop et elles entendent mettre fin à cette force qu’elle considère comme invasive. C’est ainsi qu’elles sont descendues hier lundi, dans les rues de Kidal pour protester contre la présence du contingent français dans leur ville.

Traque sans répit des djihadistes

La force Barkhane a mené ce dimanche 1er octobre une offensive fulgurante contre des présumés terroristes dans la ville de Kidal. L’assaut a visé deux domiciles d’un homme présenté comme un membre du Haut Conseil pour l’unicité de l’Azawad, un groupe armé indépendantiste du nord Mali. Il s’agit du riche homme d’affaires Mahamadou AG Rhissa qui ferait du trafic de carburant entre le nord Mali et l’Algérie. En outre il tremperait dans l’acheminent des migrants vers les côtes libyennes. Cet homme est soupçonné d’entretenir des liens avec des groupes terroristes opérant dans le sahel. Les éléments de la force Barkhane auraient fait une descente musclée dans deux de ses domiciles. Selon les informations ils sont arrivés sans prévenir, ont encerclés les bâtisses pendant quelques heures avant d’y pénétrer. Ils auraient défoncé des portes, détruit des murs et brûlé des véhicules. Cueilli chez lui, l’individu a été arrêté avec quelques six autres personnes. Trois voitures ont été calcinées en même temps que des pans entiers de ses maisons auraient été emportés par la violence.

Trop c’est trop

Face à cette offensive qu’elles qualifient de barbarie gratuite, les femmes de Kidal sont descendues dans les rues de Kidal pour protester contre la présence de ces soldats étrangers dans leur ville. Elles étaient plusieurs dizaines de femmes à se faire entendre bruyamment hier lundi dans la ville. Plus précisément, elles accusent les soldats de la force Barkhane d’avoir usé d’explosifs et d’armes automatiques en pleine ville, mettant ainsi en péril la vie des habitants. Le gouvernement malien aurait eu confirmation de l’assaut auprès des autorités militaires de l’opération. Celles-ci ont situé le cadre de leur intervention en affirmant : « Il s’agit d’une opération anti-terroriste menée sur la base d’informations très solides reçues par le centre de commandement Barkhane de Ndjamena ».

Des tensions de plus en plus exacerbées

Ce n’est pas la première fois que les habitants de Kidal, et partant ceux de l’Etat autoproclamé de l’Azawad, protestent contre la présence militaire française dans leurs régions. D’autres incidents se sont déjà produits notamment en 2016 quand femmes et enfants de Kidal sont sortis de chez eux pour protester contre la force anti-terroriste Barkhane. Ces habitants perçoivent l’intrusion constante des militaires dans leurs concessions comme une violation des libertés et comme un harcèlement intolérable.
L’assaut menée dimanche au domicile d’un riche homme de l’Adrar des Ifoghas a laissé un goût amer aux populations locales. Le dispositif mis en place et les moyens utilisés pour neutraliser les présumés terroristes auraient été un peu trop exagérés. Les femmes de Kidal ont pris leur responsabilité en main pour dire aux soldats de la force étrangère : « ça suffit ». Avec de telles offensives l’armée française risque de se mettre à dos les populations locales comme les soldats américains en Afghanistan.

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