La crise anglophone secoue le Cameroun depuis bientôt un an. Après les épisodes de novembre 2016 et de janvier 2017, elle a pris une autre tournure en août dernier.
Après deux mois d’actions séditieuses de la part des Camerounais anglophones, la crise semble dans l’impasse. Pis elle s’est durcie avec la radicalisation des positions surtout celle des sécessionnistes qui commencent à jeter les bases d’un nouvel Etat. Pourquoi tant de déterminations de leur part ? Aspiration à la liberté ou raison financière ?
Les vraies raisons de la sécession anglophone du Cameroun seraient maintenant connues. Selon des allégations récentes les leaders de l’indépendance des régions anglophones sont en fait des opportunistes. Ils voudraient s’approprier le pétrole de l’Etat rêvé de l’Ambazonie. Serait-ce vraiment le cas ?
Les indépendantistes catégoriques
Les populations du sud-ouest et du nord-ouest du Cameroun ne veulent plus du fédéralisme comme l’avaient souhaité certains d’entre eux, il y a encore des mois. Désormais ils réclament l’indépendance pure et simple de leur territoire qu’ils ont baptisé du nom d’Ambazonie. Après avoir inventé un hymne national, un drapeau national et crée une guérilla, les Anglophones veulent maintenant se séparer définitivement du Cameroun. Leurs leaders refusent tout dialogue avec Yaoundé qui n’arrange pas les choses en invitant à un dialogue sans conditions. Ainsi le Social-Démocrate Front (SDF) de Ni John Fru Ndi et le Southern Cameroon National Council (SCNC) d’Ayuk Julius Tabe appelle régulièrement les habitants de Bamenda et Buea à descendre dans la rue pour défier les autorités camerounaises. Un récent rapport sur le leader de Southern Cameroon National Council vient lever le voile sur les dirigeants anglophones, du moins certains d’entre eux.
L’or noir au cœur des revendications indépendantistes
Ayuk Julius Tabe le leader du Southern Cameroon National Council est soupçonné d’avoir détourné un montant estimé à 250 millions de Franc CFA selon le journal les Repères dans son numéro du mercredi 4 octobre. Le quotidien rapporte qu’Ayuk Julius Tabe est un ancien cadre de la société d’électricité AES-Sonel au Cameroun. Il était un responsable des ressources humaines, de la maintenance technique et du réseau informatique de l’entreprise. Il y travailla pendant douze ans et y aurait détourné cette somme de 250 millions de Franc CFA. Après avoir été licencié en 2006 pour « faute lourde », il s’installa au Nigéria puis aux Etats Unis. Aux Etats Unis il aurait continué ses malversations avec son complice de toujours, un certain Gordon, de nationalité américaine. Depuis les Etats Unis, Ayuk Julius Tabe financerait la subversion anglophone et inciterait les populations à s’attaquer aux symboles de l’Etat camerounais. L’objectif de ses manœuvres serait de mettre la main sur le pétrole camerounais, produit à Buea, la principale ville de la partie anglophone.
Suspicions à propos des Etats Unis
Depuis le début de la crise anglophone, les Camerounais, à travers des organes de presse très panafricanistes, ont toujours indexés les puissances étrangères dans la déstabilisation de leur territoire. Après avoir formellement identifié le Nigeria comme base arrière des séditieux et autres terroristes, les Camerounais ont à présent de gros doutes sur Washington. Une lettre du Department Spokesperson à Washington DC datée du mercredi 4 octobre, les autorités américaines déclarent invitent leurs homologues camerounais à de la retenue : « Les Etats Unis sont profondément inquiets de la violence et les pertes humaines lors des protestations qui ont eu lieu dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun depuis le 1er octobre. L’usage de la force par le gouvernement camerounais afin de restreindre la libre expression et les rassemblements pacifiques et la violence des protestataires sont inacceptables ». Quoiqu’objective, la déclarative des Américains a été perçue par les nationalistes camerounais comme un sermon intolérable. Ils seraient donc de facto de mèche avec les séparatistes surtout que l’opposant Ayuk Julius Tabe opère depuis les Etats Unis. L’on y verrait de surcroit une explication à l’armement des indépendantistes.
Les révélations sur les activités du leader du Southern Cameroon National Council, Ayuk Julius Tabe viennent semer le doute sur les intentions des séparatistes. Leurs leaders avancent l’aspiration à la liberté de leur peuple à l’image du peuple catalan en ce moment. Dans le même temps, comme les Catalans d’ailleurs, leurs revendications cacheraient des motifs économiques. La crise anglophone serait-elle vraiment une guerre obscure d’intérêts gigantesques ?