Le Sénégal de Macky Sall entretient des liens particuliers avec la Turquie de Recep Tayyip Erdogan.
Cette relation privilégiée a fait du Sénégal, l’un des partenaires clés de la Turquie dans sa nouvelle politique étrangère. La Turquie, particulièrement investie en Afrique ces derniers mois, a réalisé des projets de grande envergure au pays de la Teranga. En retour le gouvernement sénégalais ne veut pas se fâcher avec sa bienfaitrice.
Macky Sall ne veut pas de problèmes avec Recep Tayyip Erdogan. Pour cela une école turque fait les frais de la diplomatie sénégalaise. De fait, le groupe scolaire Yavuz Selim est dans le collimateur de l’Etat sénégalais. Son existence même est en jeu à l’heure de la reprise des classes. Depuis début octobre gouvernement s’est engagé dans un bras de fer judiciaire avec les responsables cet établissement. Le tort de Yavuz Selim serait d’appartenir à la confrérie Gülen, du nom de Fethullah Gülen, le plus grand rival d’Erdogan.
Yavuz Selim, un établissement étiqueté
Le groupe scolaire Yavuz Selim est une école turque installée au Sénégal depuis 1996. Installé à Dakar, il démarrera ses activités avec une première école secondaire qui s’installera sur l’avenue Cheikh Anta Diop. Par la suite, verront successivement le jour, un collège et une école maternelle. Le groupe scolaire Yavuz Selim était donc né. Si l’Association BASKENT EGITIM « Association internationale pour le Développement et la Solidarité entre les Peuples AIDSP. » a été porteuse du projet, c’est bien le prédicateur Fethullah Gülen qui en est le fondateur. Depuis 2014, cet ancien frère de lutte de Recep Tayyip Erdogan s’exilera aux Etats Unis après un mandat d’arrêt lancé à son encontre. Erdogan le soupçonne de tentative de déstabilisation après des brouilles idéologiques. L’année dernière, le putsch manqué contre le président Erdogan lui a été attribué. La grande purge des pro-Gülen se poursuit dans l’administration et dans l’armée turque.
Macky Sall veut fermer cette école gênante
Depuis quelques semaines, un bras de fer juridico-politique s’est engagé entre l’Etat du Sénégal et les responsables de ce groupe scolaire aujourd’hui détenu à 60% par les Français. Pour avoir un contrôle sur cette école, le gouvernement sénégalais à émis le vœu de l’administrer directement ou au moins de le mettre sous tutelle des représentations turques au Sénégal. Une volonté à laquelle les responsables dudit établissement ont émis une fin de non-recevoir. A cause de ce bras de fer, cette école d’excellence n’a pas encore ouvert les classes alors que la rentrée scolaire a commencé il y a quelques jours. Face au refus des administrateurs de Yavuz Selim de mettre le groupe sous l’autorité de l’Etat, celui-ci a emmené l’affaire devant la justice. Alors que les juges devaient se prononcer hier, les avocats de l’Etat se sont retirés de la procédure. « Ils ont voulu sauver la face » a déclaré Madiambal Diagne confie un responsable de Yavuz Selim. L’Etat a donc décidé de faire marche arrière à la dernière minute. Même si le groupe scolaire se satisfait de la tournure des évènements rien n’est encore joué puisque l’Etat n’a pas pour autant abandonner son projet.
Macky Sall redevable envers Erdogan
Il n’est pas difficile de voir dans cette action du gouvernement sénégalais une ingérence de la Turquie de Recep Tayyip Erdogan. En effet la République islamique de Turquie est dans une grande offensive diplomatique pour s’implanter en Afrique. Au compte de des grands projets en Afrique l’on relève entre autres, la base militaire inaugurée le 30 septembre en Somalie et l’aéroport international Blaise Diagne à Dakar. La Turquie prévoit aussi la construction très prochaine d’un marché international à Diamniadio. Macky Sall et les siens voudraient donc protéger les intérêts entre les deux pays. Pour remercier le bienfaiteur turque quoi de plus normal que de saboter l’école de son plus grand rival à la présidence.
En attendant que les parties s’entendent pour trouver une solution à la crise, les cours sont à l’arrêt dans les écoles Yavuz Selim. Les parents d’élèves, qui s’inquiètent de l’avenir de leurs enfants, demanderaient que leur rembourse leurs inscriptions. L’administration de l’établissement aurait adhéré à leur requête. Apparemment la reprise des cours dans cette école turque n’est pas pour bientôt. L’Etat maintiendrait la pression pour faire sauter le verrou de l’autonomie de cet établissement. Pourrait-on raisonnablement croire en la fin de Yavuz Selim ? Les prochains jours nous situeront.