Présidentielle au Kenya: Uhuru Kenyatta, un président mal élu ?

Amani Georges

Le scrutin présidentiel au Kenya se tient ce jeudi sur fonds de tensions suite à l’appel au boycott lancé par l’opposant Raïla Odinga. Seul en course, Uhuru Kenyatta file tout droit vers une réélection pour un second mandat. Au regard des controverses et des nombreuses tensions que suscite cette présidentielle, le président sortant n’endosse-t-il pas au mieux le statut du chef mal élu ?

Sans surprise, l’élection présidentielle au Kenya qui déroule ce jeudi sera sanctionnée par une victoire du président sortant Uhuru Kenyatta. Déclaré une première fois vainqueur du scrutin présidentiel qui s’est tenu le 8 août dernier, la victoire du clan Kenyatta avait été invalidée par la Cour Suprême suite à un recours déposé par Raïla Odinga, dénonçant des fraudes massives dans le système de décompte électronique des votes. Cette décision historique de la Cour Suprême kenyane n’a pas pour autant résolu tous les problèmes. Les résultats de l’IEBC (commission chargée d’organiser le vote) ayant été récusés, un nouveau scrutin avait été donc été annoncé pour le 26 octobre. Plutôt que de battre campagne, l’opposant Raïla Odinga a tout simplement milité pour une réforme de la commission électorale kenyane, une réforme nécessaire selon lui pour garantir la transparence de la présidentielle au Kenya. Constatant l’intransigeance de l’IEBC suite à sa requête, Raïla Odinga a donc décidé de retirer sa candidature de l’élection kenyane, laissant la voie libre à Uhuru Kenyatta pour décrocher un second mandat. Désormais seul candidat en lice pour l’élection présidentielle au Kenya, le président sortant est plus que jamais certain de sa réélection, même si quelques heurts ont été signalés durant ce jeudi dans plusieurs bastions de son rival. Au regard du contexte politique mouvementé que connaît le pays, Uhuru Kenyatta ne sera-t-il pas classé dans le lot ‘‘des présidents mal’’ élu du continent africain ?

Affrontements entre policiers et opposants le jour du vote

Ce jeudi, des centaines de bureaux de vote sont restés fermés en raison des manifestations organisées par les opposants du régime dans plusieurs localités du pays. A l’ouest du pays, des membres de l’IEBC n’ont pas pu accéder à leurs bureaux de vote car les partisans de Raïla Odinga sont descendus dans les rues, érigeant deux nombreux barrages routiers. L’intervention musclée de la police kenyane pour disperser les manifestants a fait pour l’instant 1 mort selon l’AFP. Il s’agirait d’un jeune homme âgé de 19 ans qui aurait reçu une balle à la cuisse. Les affrontements de ce jeudi ont tous eu lieu dans les bastions de l’opposant Odinga : Kisumu, Siaya, Migori ou encore Mathare.

Faible taux de participation à la présidentielle

Si le premier tour de la présidentielle au Kenya avait été sanctionné par une forte participation des votants, il faut malheureusement s’attendre à un taux de réussite largement en baisse pour ce second tour. Sur les 19 millions d’électeurs attendus dans les bureaux de vote, environ 44% devraient s’abstenir de voter ce 26 octobre, si toutefois le mot d’ordre de boycott lancé par Odinga est respecté à la lettre par ses partisans. A cela, il faut ajouter que des centaines de bureaux de vote dans l’ouest du pays sont restés fermés ce jeudi, autant de raisons pourront probablement remettre en cause l’inéluctable réélection d’Uhuru Kenyatta, un président réélu certes démocratiquement par la voie des urnes, mais mal élu selon certains.

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