Le jeudi 26 octobre, l’élection présidentielle kenyane tant attendue s’est déroulée dans un climat très délétère.
Les violences étaient très prévisibles après plus d’un mois de tensions et de rebondissements. Raila Odinga et ses partisans avaient en effet appelé à boycotter cette élection présidentielle. C’est ainsi que ce jeudi 26 octobre, le vote a été fortement perturbé dans quatre circonscriptions électorales. Ces circonscriptions se situent dans le fief de l’opposition.
A quelques heures de la décision de l’IEBC la tension monte au Kenya. Les populations apeurées prendraient des mesures pour ne pas revivre le cauchemar de l’élection bis. Tous les moyens sont bons pour ne pas être victimes des troubles annoncées aujourd’hui. Attitudes défensives et mesures offensives, tout y est pour vivre une nouvelle soirée cauchemardesque.
Surpris par la violence des protestations
Le jeudi 26 octobre, la contestation électorale a donné lieu à de violentes représailles. Partisans et opposants au pouvoir ont également croisé le fer vendredi et samedi comme le vote dans certaines circonscriptions électorales avait été repris. Armés de pierres, de barres de fer, de couteaux ou de machettes, les protagonistes ont remis sur le tapis les violences de 2007. Les incidents ont fait d’énormes dégâts, humains et matériels. Maisons calcinées, commerces saccagés ou voitures incendiées sont à mettre au compte du bilan matériel. Du côté humain, les morts se comptent également. Les populations qui redoutaient ces évènements se sont retirées de la capitale Nairobi avant le début du scrutin. Tout le moins que l’on puisse dire c’est qu’elles ont eu le nez creux. Sur des photos relayées sur les réseaux sociaux, l’on a pu juger de l’ampleur des affrontements. Manifestants soulevant des armes blanches avec fureur, décor en feu, débandade, les images étaient plus qu’explicites.
A chacun sa machette
Nairobi était hier lundi matin comme suspendu aux lèvres de la commission électorale kényane, l’IEBC. La tension serait palpable dans la plus part des grandes villes. Dans la capitale, principalement les bidonvilles où la présence policière n’est visible nulle part, chacun se préparerait à se défendre seul. Les Kikuyu d’Uhuru Kenyatta et les Luo, Luhya et Kisii de Raila Odinga se regarderaient en chiens de faïence. Chaque habitant se serait barricadé chez lui, comme retranché, dans l’attente des hostilités. Pour les plus déterminés mais aussi les plus apeurés, c’est la machette qui servira de coussin ce soir. Un habitant d’un bidonville de Nairobi aurait confié à un reporter du journal Le Monde : « Ce soir je dors avec machette ». Cette confidence dénote des craintes éprouvées par les partisans des deux camps.
Tout est réuni pour revivre le chaos de 2007
Ce que l’on peut nommer comme les préparatifs des habitants avant le combat final, peut trouver ses origines dans les errances de l’IEBC. L’IEBC n’a pas fait les remaniements souhaités par l’opposition malgré le scandale qui a remis en cause sa crédibilité. Hier, cette commission électorale kenyane a essayé de désamorcer la bombe en rejetant toute intention de tripatouiller les résultats. Dans tous les cas de figure, les violences sont à craindre cet après-midi. Les radicaux des deux camps auraient organisé des réunions pour adopter la stratégie de défense et ou d’attaque.
Aujourd’hui, l’IEBC doit soit invalider l’élection présidentielle soit entériner la victoire d’Uhuru Kenyatta sans le vote de quatre comtés où le scrutin a été perturbé. A quelques heures de cette décision, les nerfs sont à vif même si le dernier mot pourrait encore revenir à la Cour Suprême. Vu la configuration actuelle l’on n’est pas très loin du cas ivoirien où le vote de certaines circonscriptions avaient été annulé. A présent, la communauté internationale et nationale a l’oreille tendue vers l’IEBC qui doit sentir l’énorme poids sur ses épaules.