Burkina Faso : François Compaoré libéré mais pas sorti d’affaires

Kan Frédéric

Depuis la chute de Blaise Compaoré au Burkina Faso en 2014, de vieux dossiers ont été exhumés des profondeurs de l’histoire.

Après avoir été ensevelies pour des questions politiques, ces affaires judiciaires sont remises sur la table des juges. C’est ainsi que les assassinats de Thomas Sankara et de Norbert Zongo ont été portés à la connaissance de la justice française et burkinabé. Dès cet instant, l’épée de Damoclès a commencé à planer sur les présumés coupables.

François Compaoré, le frère de Blaise Compaoré a été arrêté puis libéré à Paris. Pour autant il n’est pas sorti d’affaires car la justice française doit se prononcer sur son extradition ou non dans son pays d’origine. Sans surprise, il devrait également répondre à la justice burkinabé des chefs d’accusation retenues contre lui.

Qui est François Compaoré et de quoi l’accuse-t-on

François Compaoré est le frère cadet de l’ancien chef d’Etat burkinabé Blaise Compaoré. Cet agronome de formation et homme politique a été surnommé « petit président » fort du rôle qu’il jouait aux côtés de son ainé le « Beau Blaise ». François Compaoré était sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par son pays le Burkina Faso pour « incitation à assassinats. Depuis la chute de son frère en 2014, il passe le plus clair de son temps entre la France, son pays d’exil et la Côte d’Ivoire où son aîné a trouvé refuge. L’inculpation de François Compaoré est relative au meurtre du journaliste Norbert Zongo. Celui-ci est décédé en 1998 dans des circonstances troubles en même temps que trois de ses proches. Leur véhicule fut calciné en même temps que leur corps sur une voie de sortie de la ville de Sapouy près de Ouagadougou. A l’époque le journaliste enquêtait sur la mort de David Ouédraogo, le chauffeur de François Compaoré. Norbert Zongo, qui dérangeait beaucoup le pouvoir de Ouagadougou a été donc réduit au silence éternel. Sa mort a occasionné un soulèvement populaire et suscité l’indignation internationale.

La justice française se mêle de l’affaire

Avec l’arrivée au pouvoir de Roch Marc Kaboré, les vieux dossiers jusque-là étouffés par le régime Compaoré ont été remis au jour. Cette réactualisation ne pouvait se faire sans l’interpellation des accusés. D’où ce mandat d’arrêt international lancé contre François Compaoré depuis mai 2017. Après quelques mois d’hésitations, la justice française a enfin décidé d’interpellé l’ex conseiller du « Beau Blaise ». C’est ainsi que le dimanche 29 octobre, l’homme a été interpellé à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle situé au nord-est de Paris. Après une audition, les autorités françaises ont confisqué et mis sous scellé ses quatre passeports. De ce fait, il ne pourra voyager que sur autorisation de la justice française même s’il a été libéré. En outre, une autre audience est prévue pour décider si oui ou non il sera extradé au Burkina Faso.

Le Burkina Faso demande des comptes

A la suite de la liberté sous contrôle judiciaire accordée à François Compaoré, la justice burkinabé a demandé son extradition au pays natal. Le ministre burkinabé de la justice René Bagoro a tenu à faire quelques précisions lors d’un point de presse hier lundi. « Depuis ce matin, le juges en charge du dossier a travaillé. Les documents relatifs à la demande d’extradition ont été préparés et transmis au ministre de la justice que je suis. Je les ai transmis au ministre des affaires étrangères pour que les autorités françaises soient saisies dès ce soir ». Selon le juge, la justice burkinabé dispose de vingt jours pour transmettre les dossiers. Mais la diligence fut telle que les dossiers sont déjà en route.
François Compaoré, frère et conseiller de Blaise Compaoré est plus que jamais dans le collimateur de la justice burkinabé. Même s’il échappe aux enquêtes françaises, il devra répondre aux chefs d’accusation requis contre lui au pays. Beaucoup de citoyens craignent que cette affaire judiciaire devienne un règlement de compte politique comme il est de coutume en Afrique. D’ici 48 heures, l’accusé sera situé sur son sort concernant son extradition devant la justice nationale. L’on ne pourrait pas, dans le même temps, ne pas y voir le début d’une autre affaire. Il serait difficile en effet de s’attaquer à François Compaoré sans remonter à l’aîné.

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