Après Mugabé, quel avenir pour le Zimbabwe ?

by Joseph Amenan

La machine écrasante du peuple et de l’armée est mise en branle. Il ne reste plus qu’au plus vieux chef d’Etat encore en exercice, de jouer sur le temps afin de préparer ses valises. Néanmoins il serait trop tôt de crier victoire à l’heure actuelle.
La question est de savoir maintenant quel sera l’avenir du Zimbabwe une fois Robert Mugabé à démissionné. Il semble beau de mettre à la retraite un dinosaure de la politique africaine, mais il serait intéressant de bien construire l’après Mugabé. Avec les expériences passées, il serait raisonnable de s’inquiéter quant à la suite des évènements. Aussi il serait judicieux de se demander qui prendra la relève.

Quel successeur à Robert Mugabé

Si c’est une certitude que Robert Mugabé partira dans les prochaines heures ou les prochains jours, rien n’est moins sûr de ce qui pourrait advenir. Grâce Mugabé, la première Dame ne sera certainement pas le successeur de son mari comme elle l’espérait. Tout semble conduire vers l’option Emmerson Nnangagwa, l’ex vice-président. Il aurait été écarté suite aux intrigues de la désormais ex première dame. Revenu d’exil après le coup d’Etat, Emmerson Nnangagwa joue sur le retour en force de son clan. Constantine Chiwenga, le chef des forces armées, est l’un des plus fidèles alliés de l’ex premier vice-président. Dans le même temps l’armée, qui reste jusque-là curieusement muette ou indolente, pourrait rebattre les cartes. Elle pourrait bien se positionner en assurant un intérim et celui-ci pourrait bien s’éterniser. Enfin l’opposition, jusque-là dirigée par Morgan Tsvangirai, est en embuscade avec de nouvelles élections.

Un changement de dirigeant plus qu’un changement de système

Toutefois l’on n’imagine pas le pouvoir échapper à la Zanu-PF qui bénéficie d’un passé très glorieux auprès des Zimbabwéens. Vraisemblablement le successeur de Robert Mugabé sortira du parti au pouvoir. Dans ce cas que faut-il espérer ? Emmerson Nnangwaga, un vieux « crocodile » n’est pas non plus ce candidat parfait. Ce vieil homme de 75 ans fut l’un des plus grands combattants pendant la lutte de libération. Comme Mugabé il fait partie de la vieille garde politique du pays. En outre, il est accusé dans des rapports d’organisations internationales, de piller le Congo pour s’enrichir. Face à ce portrait peu flatteur, il apparait comme un président à défaut en l’état actuel des choses. Le même système risque donc d’être reconduit avec différents acteurs cette fois.

Peut-on craindre le scénario Libyen

Le pire scénario de l’après Robert Mugabé serait de voir le pays sombrer dans le chaos. De nombreux pays africains qui ont tourné la page de leurs présidents à vie sont tombés dans les ténèbres. L’on a les exemples de la Côte d’Ivoire d’après Houphouët ou la Libye d’après Mouammar Kadhafi. Une lutte de succession désastreuse pourrait intervenir dans ce pays si paisible sous sa dictature. Nul n’ignore que le clan de la première Dame est toujours présent, sans oublier les sympathisants de Robert Mugabé notamment au sein de l’armée. Si les responsables politiques ne se mettent pas d’accord sur le renouvellement de l’Etat le pays prendra certainement un mauvais chemin. L’on se retrouverait encore à préférer l’ancienne dictature dans une sorte de nostalgie amère.
Le départ de Robert Mugabé ne peut plus être éludé. A ce stade des évènements, la porte de sortie est déjà bien ouverte. Il faut dès maintenant penser à repartir du bon pied. Cela passe par un consensus national autour d’un nouveau leader. Pour cela les responsables politiques doivent taire leurs différends et œuvrer à la cohésion sociale. Sans cela, le chaos qui s’en suivra ne fera que semer regret et désolation. Des associations comme celle des anciens combattants a un rôle très important à jouer à ce niveau.

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