Le retour de l’esclavage en Libye a déjà poussé 321 migrants ivoiriens à rentrer volontairement au pays. Après un premier vol de 155 migrants arrivé lundi soir à Abidjan, une seconde vague de 166 ivoiriens qui étaient en situation de détresse sur le sol libyen a atterri mercredi soir dans la capitale ivoirienne, grâce à une opération conjointement menée par le ministère de l’intégration africaine et des ivoiriens de l’extérieur, l’Organisation Internationale pour les migrations, l’ambassade de Côte d’Ivoire en Libye et l’Union Européenne. La vente aux enchères des migrants est sans doute l’un des facteurs qui accélère ce processus de retour volontaire des ivoiriens qui tentent de rejoindre l’Europe en traversant le territoire libyen. Et selon le ministre de l’intégration africaine et des ivoiriens de l’extérieur, le gouvernement ivoirien n’a ‘‘pas attendu les révélations faites par une chaîne étrangère pour procéder à cette opération d’évacuation volontaire d’ivoiriens pris dans le piège libyen’’. Le gouvernement ivoirien doit encore accélérer cette procédure de rapatriement des migrants ivoiriens car selon un rapport de l’OIM, 7.049 migrants de nationalité ivoirienne auraient été recensés parmi les 423.394 qui figurent dans la base de données de l’organisation d’aide aux migrants. Ce chiffre, aussi alarmant soit-il, ne tient pas compte des migrants détenus et vendus comme esclaves en Libye sous le regard impuissant de la communauté internationale. Si toutes les puissances européennes ont condamné ce retour à l’esclavage, il y’a urgence à agir pour mettre fin à cette pratique. Mais dans une Libye carrément au bord du gouffre depuis la mort de Kadhafi en 2011, la marge de manœuvre des dirigeants africains, comme de la communauté internationale est relativement restreinte. Le sommet de l’UE et l’UA à Abidjan ne manquera pas d’évoquer la question des migrants vendus comme esclaves les 29 et 30 novembre prochain. D’ici là, les pays africains concernés s’activent pour rapatrier leurs ressortissants bloqués sur le territoire libyen, à l’image de la Côte d’Ivoire qui a déjà fait rapatrié 321 migrants ivoiriens du chaos libyen. De source officielle, le gouvernement ivoirien a déjà procédé au rapatriement d’environ 1300 migrants repartis aux quatre coins du monde, mais l’urgence de la situation qui prévaut en Libye verra sans doute ce chiffre grimper dans les semaines à venir.
L’esclavage en Libye, un casse-tête pour les dirigeants africains
Le rapatriement volontaire des migrants africains bloqués en Libye cache un autre problème encore plus important, celui des candidats à l’Europe vendus comme esclaves aux plus offrants. Après les révélations de CNN sur l’existence d’un marché de vente aux enchères des esclaves en Libye, les autorités libyennes avaient annoncé l’ouverture d’une enquête afin de poursuivre les responsables de ‘‘cette pratique d’un autre âge’’. Mais cette enquête n’a pas calmé les ardeurs puisque des pays comme le Niger ont convoqué l’ambassadeur libyen à Niamey pour consultation. Les migrants vendus sur le nouveau marché de l’esclavage développé en Libye sont pour la plupart détenus par des groupes rebelles dissidents, voire même des groupes terroristes. L’équation la plus difficile pour les dirigeants africains sera de négocier la libération de ces prisonniers détenus par les groupes armés qui règnent dans le désert libyen.