Emmanuel Macron a dégagé toute responsabilité de la France dans le maintien du Franc Cfa comme monnaie commune à 16 pays africains. En prélude au cinquième sommet UA UE (Union Africaine Union Européenne) qui s’ouvre mercredi à Abidjan, le président français a effectué une visite d’Etat au Burkina Faso, visite qui s’est achevée ce mardi par un discours historique à l’université de Ouagadougou devant les étudiants. S’adressant à Emmanuel Macron, l’un des étudiants burkinabè a remis sur la table le débat sur l’avenir du Franc Cfa, allant même à accuser dans une certaine mesure la France d’avoir la mainmise sur les trésors de l’Etat Burkinabè, des affirmations que le président français a démenties : ‘‘Le Franc Cfa, la France n’en est pas le maître, elle en est le garant’’, a souligné Macron ce mardi, une position contraire au point de vue partagé par l’activiste Kemi Seba pour qui la France aurait la mainmise sur l’économie des Etats Africains membres grâce à la monnaie coloniale qui a vu le jour en 1945. Poursuivant ses explications, le président français a indiqué que cette monnaie ‘‘est un choix des Etats membres de la zone Cfa. Personne n’oblige quel qu’Etat que ce soit à en être membre. Le président Kaboré décide demain je ne suis plus dans la zone franc, il n’y est plus(…). Ce sont les Etats africains de la zone Franc qui sont les maîtres de leur destin et qui peuvent totalement choisir’’. Concernant les réserves d’or des pays membres domiciliées à la BCEAO et que la France utiliserait pour servir ses propres intérêts, Emmanuel Macron a également apporté un démenti formel à cette théorie défendue par les militants anti Franc Cfa : ‘‘ je n’utilise pas l’or du Burkina Faso pour faire quoi que ce soit, il n’est pas chez moi il est chez vous’’.
La France favorable à la décision des dirigeants africains sur le Franc Cfa
‘‘J’accompagnerai la solution qui sera portée par l’ensemble des présidents de la zone Franc et qui ont en partage le Cfa. S’ils veulent en changer le périmètre, je suis plutôt favorable. S’ils veulent en changer le nom, je suis totalement favorable. S’ils considèrent qu’il faut même supprimer totalement cette stabilité régionale et que c’est mieux pour eux, je considère que c’est eux qui décident et donc je suis favorable’’, a déclaré Emmanuel Macron ce mardi dans la capitale burkinabè. A en juge par les propos du président français, l’avenir de la monnaie coloniale relève entièrement de la responsabilité collective ou individuelle des pays qui l’utilisent. Toutefois, le président français a mis l’accent sur la stabilité qu’offre la monnaie coloniale aux Etats qui en sont membres, une stabilité qui avait été confirmée il y’a environ un mois par Alassane Ouattara, l’un des présidents africains qui défendent encore le Franc Cfa. Ce discours de Macron est pourtant loin d’avoir convaincu les panafricanistes qui militent pour la mort de la monnaie coloniale afin de redonner à l’Afrique toute son indépendance monétaire. Kemi Seba et ses soutiens restent persuadés que le Franc Cfa est l’une des dernières plantations de la Françafrique à combattre à tout prix pour l’autonomie de continent africain.