E. Macron a tenu un discours historique au Burkina Faso, un discours interprété par certains comme une opération séduction. Comme lors de la campagne présidentielle en France, le chef d’Etat français a été l’auteur d’un véritable show médiatique à l’université de Ouagadougou dans une ambiance plutôt décontractée. Les étudiants burkinabè présents dans l’amphithéâtre où E. Macron a donné son discours n’ont pas manqué d’aborder les sujets d’actualité de leur pays et du continent africain avec le président français. Sans détours, le chef d’Etat français a apporté des réponses claires aux préoccupations des étudiants burkinabè, y compris sur la question du Franc Cfa qui fait l’objet de nombreuses spéculations depuis le mois d’août. Concernant l’avenir de la monnaie unique, Emmanuel Macron a clairement fait savoir que la décision revenait entièrement aux dirigeants africains membres de la zone monétaire : « J’accompagnerai la solution qui sera portée par l’ensemble des présidents de la zone Franc et qui ont en partage le Cfa. S’ils veulent en changer le périmètre, je suis plutôt favorable. S’ils veulent en changer le nom, je suis totalement favorable. S’ils considèrent qu’il faut même supprimer totalement cette stabilité régionale et que c’est mieux pour eux, je considère que c’est eux qui décident et donc je suis favorable », a indiqué le président français.
Macron promet la déclassification de tous les dossiers sur l’affaire Sankara
L’opération séduction a plutôt au Burkina Faso a plutôt été couronnée de succès car le président français s’est engagé à faire toute la lumière sur l’affaire Thomas Sankara. Interrogé par une étudiante l’affaire Sankara, le président français a marqué des points auprès de la jeunesse burkinabè en annonçant la déclassification de toutes les archives concernant cette enquête qui piétine depuis des années : « Sur les suites de l’assassinat de Thomas Sankara a qui j’ai rendu hommage au début de mon discours, je ne serai pas venu vous voir si je n’avais pas de réponse claire sur ce sujet. La plupart des archives sont accessibles pour tout le monde. Par contre il y’a en effet des archives qui sont des documents couverts par le secret défense nationale, qui même après 25 ans ne sont pas ouvertes au public. Et donc j’ai pris la décision que tous les documents produits par des administrations françaises pendant le régime de Sankara et après son assassinat (…) soient déclassifiés pour être consultés en réponse de la demande de la justice burkinabè. », a fait savoir E. Macron. Aussi le président français est allé encore plus loin dans son intention de bâtir de nouvelles coopérations avec les Etats africains en annonçant la possible extradition de François Compaoré, frère de l’ancien président Blaise Compaoré, arrêté le 29 octobre dernier à Paris avant d’être relâché. Si Macron ne s’est pas engagé personnellement à extrader François Compaoré, il a toutefois garantit au peuple burkinabé que la justice française s’active pour répondre aux demandes de la justice burkinabè : « depuis son arrestation (Blaise Compaoré, ndlr), il a été mis sous contrôle judiciaire, il lui est interdit de quitter le territoire, il se présentement à la police française, les autorités burkinabè ont rapidement fait parvenir une demande d’extradition et le justice française est en train de l’instruire. Je ne doute pas qu’elle rendra sa décision et qu’elle sera favorable ». Cette transparence dont fait preuve le président français sur les dossiers sensibles burkinabè manifeste clairement une volonté de bâtir de nouvelles relations avec les anciennes colonies. Mais pour des activistes comme Kemi Seba, E. Macron est tout simplement le signe du néocolonialisme français en Afrique.
E. Macron, symbole du néocolonialisme du 21e siècle ?
Pour nombres de panafricanistes, il faut éviter de se fier aux belles promesses du président français lors de son show de séduction au Burkina Faso. Même s’il affirme vouloir rompre les chaînes de l’impérialisme en Afrique et bâtir de nouvelles coopérations avec les Etats africains, Emmanuel Macron reste pour les militants anti-franc Cfa le symbole du néocolonialisme, quand bien même il se montrerait favorable à toutes les décisions prises par les dirigeants africains à propos du Franc Cfa. Que cache ce souci de transparence du président français en Afrique ? Seule certitude, l’opération séduction de Macron au Burkina a été couronnée d’un franc succès, à en juger par le satisfecit des étudiants burkinabè qui ont assisté à ce discours historique à l’université de Ouagadougou.