Pour le démantèlement des réseaux de passeurs en partie responsables du retour de l’esclavage en Libye, Emmanuel Macron avait évoqué la mise en place d’une action militaire sur le terrain. Mais ‘‘il n’y aura pas d’intervention militaire de la France’’ sur le sol libyen, a souligné dimanche Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement français au cours de l’émission le Grand Rendez-vous Europe 1-CNEWS-Les Echos, avant de soutenir qu’il ‘‘faut qu’il puisse y avoir une force interafricaine qui puisse intervenir. La France et l’Union européenne peuvent être là en soutien sur l’intelligence, sur les services, sur le renseignement, sur la technique, mais il est important que cette opération puisse être conduite sous l’autorité et par des contingents militaires interafricains’’. A l’occasion du cinquième sommet UE UA qui s’est tenue à Abidjan, Emmanuel Macron, Angela Merkel et plusieurs dirigeants africains concernés par le dossier sur la vente des migrants comme esclaves en Libye ont abordé mercredi soir la question de l’action militaire qui devrait être menée sur le sol libyen. Selon le président français, il ne s’agit pas d’une intervention militaire similaire à l’offensive de l’OTAN en 2011 en Libye, mais une action militaire visant à démanteler les réseaux de passeurs africains impliqués dans ce trafic d’être humain. Va-t-on assister à la création d’une nouvelle force africaine dans cette intervention militaire dont dépendent les vies de milliers de migrants bloqués dans le désert libyen et vendus comme esclaves ?
Une task force en Libye
La task force censée intervenir en Libye sera entièrement une force interafricaine avec un appui de la France et de l’UE au niveau du renseignement sur le terrain. Mais compte tenu des contraintes budgétaires des états africains, l’on n’assistera pas à à la création d’une nouvelle force pour intervenir en Libye contre l’esclavage et les réseaux de passeurs. Selon le porte-parole du gouvernement français, la task force chargée d’intervenir sur le sol libyen sera la force militaire du G5 déjà engagée dans la lutte contre le terrorisme dans la zone sahélo-saharienne : ‘‘Les Européens rencontreront le 13 décembre le G5 Sahel. Donc, vous avez des forces militaires qui sont en capacité de pouvoir procéder à ces opérations’’, a souligné Benjamin Griveaux. En plus du terrorisme, de nouvelles missions devraient donc être assignées à la force du G5 qui plaide déjà pour un appui plus important des puissances européennes dans le combat contre les terroristes.
Le recensement des migrants, l’autre bataille à gagner en Libye
En marge de l’intervention militaire africaine qui se profile en Libye pour démanteler les réseaux de passeurs et mettre fin au trafic d’esclave, l’UE et l’UA doivent aussi faire face à l’épineuse question de l’évacuation des migrants africains. Et la guerre des chiffres ne facilite pas cette opération, comme l’a souligné dimanche le porte-parole du gouvernement : ‘‘Après il y a aussi une difficulté, c’est aujourd’hui d’établir des chiffres, on parle de 400 000 personnes présentes dans des camps, jusqu’à 700 000, donc quasiment dans un rapport d’un à deux, on parle de 42 camps qui ne sont pas dirigés de la même manière, pas par les mêmes autorités, et donc il faut y voir clair’’. Selon un rapport de l’OIM, on estimerait à plus de 400.000 le nombre de migrants africains recensés sur le libyen, des chiffres qui s’ils sont officiellement confirmés, rendront encore plus difficiles et plus longues la procédure d’évacuation des migrants piégés en Libye.