Le ministre Jean Louis Billon soutient-il Kemi Seba dans sa lutte contre le Franc Cfa ? Après une déclaration qui entretenait presque le flou sur sa position, l’ancien ministre du commerce en Côte d’Ivoire a clarifié sa position sur le dossier d’indépendance monétaire. Il y’a de cela environ un mois, le patron de SIFCA avait averti sur les conséquences que pourraient avoir l’inconvertibilité du Franc Cfa à l’Euro : « Le retrait de la Grande-Bretagne de l’UE impactera négativement le prix du cacao Ivoirien. Pour rappel, le prix du cacao est fixé en livre Sterling et le FCFA est lié à l’Euro. Il devient nécessaire de rendre convertible notre monnaie pour garantir à notre pays une stabilité en matière de commerce.». En remettant en cause la politique de l’arrimage de la monnaie coloniale à l’Euro, Jean-Louis Billon a momentanément rejoint le clan des militants anti-Franc Cfa qui estiment que l’arrimage est une politique qui n’est bénéfique qu’à l’Euro. Mais le ministre ivoirien est loin d’être favorable à un départ de la zone Cfa pour autant : « Moi je suis exprimé sur le Franc Cfa il y’a bien longtemps de cela. En 1998-1999 il y’a eu une conférence avec le patronat et le Chafi à l’époque face au gouverneur Charles Konan Banny. Et personne n’osait poser la question, et quand j’ai posé la question, je me souviens encore qu’il était rentré dans une colère par rapport au sujet. J’étais allé plus loin en disant est-ce qu’il ne faut pas réformer le Franc Cfa, voir les avantages et les inconvénients et corriger les inconvénients. Donc ma position reste la même. Aujourd’hui ceux qui pensent qu’il faut quitter le Franc Cfa ne font pas de propositions alternatives. Si on quitte le Franc Cfa demain matin, qu’est-ce qu’on fait ? », a souligné l’ancien ministre ivoirien du commerce. Contrairement aux militants anti-Cfa, Jean-Louis Billon souhaite lui plutôt une réforme de la monnaie afin de la rendre encore plus compétitive sur le marché des devises monétaires.
Après le Cfa quelle alternative ?
L’activiste Kemi Séba et ses soutiens appellent certes à combattre le Franc Cfa mais jusqu’à ce jour, aucun plan de sortie ou feuille de route n’a été proposée par ces derniers pour la mise en place de ce processus. Car une chose est de dénoncer la monnaie coloniale, et il en est une autre de tracer un processus de sortie qui n’impactera pas le dynamisme économique des pays membres de la zone monétaire. Pointée du doigt, la France a clarifié sa position à travers une déclaration de son président lors de son déplacement au Burkina Faso à la veille du sommet UA UE : « J’accompagnerai la solution qui sera portée par l’ensemble des présidents de la zone Franc et qui ont en partage le Cfa. S’ils veulent en changer le périmètre, je suis plutôt favorable. S’ils veulent en changer le nom, je suis totalement favorable. S’ils considèrent qu’il faut même supprimer totalement cette stabilité régionale et que c’est mieux pour eux, je considère que c’est eux qui décident et donc je suis favorable », affirmait il y’a une semaine E. Macron lors de son show de séduction au Burkina.