Le procès de l’ex-ministre Hubert Oulaye en Côte d’Ivoire a connu un nouveau tournant lors de la seconde audience. Accusé de ‘‘complicité d’assassinat’’, plus précisément pour avoir financé un groupe armé qui a causé la mort de 7 soldats de l’ONU en 2012, l’ex-ministre ivoirien a fait d’étonnantes révélations qui pourraient accabler l’accusation dans ce procès et prouver son innocence : « Je ne suis pas impliqué dans ces attaques. Suite à la crise post-électorale, je suis sorti du pays le 17 avril 2011. Après plus de trois ans d’exil au Ghana, je suis revenu au pays, le 30 novembre 2014. Pour des événements qui ont eu lieu en 2012, si ma complicité dans les faits était avérée, pourquoi n’a-t-on pas décerné de mandat d’arrêt international contre moi, quand j’étais encore en exil ? À tout le moins, pourquoi n’avoir pas procédé à mon arrestation, dès mon retour d’exil, en novembre 2014 ? ». L’attaque meurtrière dans laquelle le ministre serait impliqué a eu lieu 2012 à l’ouest de la Côte d’Ivoire. Accusé d’avoir financé les mercenaires qui ont tendu cette embuscade aux soldats de l’ONU il y’a cinq ans, Hubert Oulaye a donc réitéré la position défendue par son avocat, à savoir qu’il serait victime d’un ‘‘procès politique’’. Au cours de l’audience du mardi, l’ancien ministre de Laurent Gbagbo a pointé du doigt la responsabilité de l’actuel président du FPI dans son arrestation et son procès : ‘‘C’est Affi qui m’a fait arrêter’’, a-t-il lancé à la barre mardi. D’après l’ex-ministre, son arrestation serait liée au congrès organisé par les cadres dissidents du FPI en 2015 dans la localité de Mama à l’ouest du pays. Si cette hypothèse avancée par Hubert Oulaye concernant son arrestation ne prouve pas totalement son innocence, les révélations de l’ancien ministre sur la DST pourraient faire pencher la balance en sa faveur dans ce procès qui a démarré le lundi 18 décembre à la cour d’Assises du palais de Justice de Plateau.
La DST embarrassée par Hubert Oulaye
‘‘Mon retour d’exil s’est fait au vu et au su de tous. Pendant six mois, je ne suis pas resté silencieux. Curieusement, je suis arrêté par la DST deux jours après la tenue du congrès de mon parti à Mama’’, a d’abord indiqué le baron de l’ancien régime. Rappelons que deux autres cadres du FPI dont Aboudramane Sangaré, chef de file de la tendance Gbagbo Ou Rien (GOR), ont été mis aux arrêts après ce congrès organisé dans le village de l’ex-président Laurent Gbagbo. Coïncidence ou pas, Hubert Oulaye affirme avec force que la DST, la direction de la surveillance du territoire, ne détient aucune preuve solide contre lui : ‘‘La DST m’accuse d’avoir donné deux millions de francs CFA (environ 3000 euros, nldr) à des intermédiaires, en vue d’acheter des armes à des hommes, pour perpétrer des attaques à l’ouest, alors que je vivais en exil au Ghana. Mais la DST est incapable de produire un seul procès-verbal d’audition de ceux qui prétendent avoir reçu de l’argent de mes mains. Comment justifier que la DST ne produise pas une seule pièce à charge ? Alors question : est-ce que ces actes existent vraiment ? Ma réponse est non, parce que la DST n’est pas en mesure de présenter des procès-verbaux’’, l’ancien ministre ivoirien.