Esclavage en Libye: Amnesty International accuse l’Europe

Amani Georges

L’ONG Amnesty International a tapé du poing sur la table pour dénoncer l’esclavage en Libye, mais aussi pour dénoncer l’attitude des dirigeants européens et aussi quelques autorités en Afrique. Si les réactions de condamnation et d’indignation se sont multipliées pour dénoncer la vente des migrants africains comme esclaves, toutes les parts de responsabilités n’auraient pas été assumées d’après l’organisation internationale des droits de l’homme. On a longtemps pointé du doigt la responsabilité des réseaux de passeurs pour migrants mais selon l’ONG les premiers responsables de cette situation seraient les dirigeants européens : « Bien qu’étant parfaitement au courant des graves atteintes auxquelles les réfugiés et les migrants sont soumis en Libye […] depuis la fin 2016, l’Italie et les autres États membres de l’UE ont mis en œuvre une série de mesures destinées à fermer la route migratoire passant par la Libye et la Méditerranée centrale. Leur coopération avec la Libye se décline en trois volets. Premièrement, ils ont permis aux garde-côtes libyens d’intercepter un plus grand nombre de personnes en mer en leur fournissant des formations, des équipements, dont des navires, et une assistance, notamment technique. Deuxièmement, ils se sont engagés à fournir une aide technique et un soutien à la DCIM, le service libyen chargé de gérer les centres de détention où les réfugiés et les migrants sont détenus et exposés quotidiennement à de graves violations des droits humains. Troisièmement, ils ont conclu des accords avec les autorités libyennes locales et les chefs de tribus et de groupes armés afin de les encourager à mettre un terme aux activités des passeurs et à renforcer les contrôles frontaliers dans le sud du pays. », explique Amnesty International dans un rapport dévoilé sur l’esclavage en Libye. Cette complicité cachée entre l’UE et certains chefs de tribus libyens serait donc à l’origine du désastre auquel monde assiste en Libye depuis l’année dernière. Mais après les révélations de CNN sur le réseau de vente de migrants africains aux enchères, les pays de l’UE et ceux de l’UA ont décidé de se donner la main pour mettre un terme au calvaire des migrants en Libye.

L’intervention militaire en Libye, une solution à craindre ?

Pour l’instant, Amnesty International ne s’est pas encore prononcé sur l’action militaire qui aura lieu en Libye pour démanteler les réseaux de passeur. Mais lors du sommet de l’Union Africaine et de l’Union Européenne à Abidjan le 29 novembre dernier, l’idée d’une intervention militaire interafricaine en Libye a été mise sur la table des discussions. Si la force Task n’est pas encore formée, certains redoutent déjà son intervention en Libye, d’autant plus que le pays n’a toujours pas renoué avec la stabilité politique depuis la mort de Mouammar Kadhafi en 2011. Il y’a aussi le risque que cette action militaire mette en danger la vie des migrants africains qui, selon l’OIM seraient un peu plus de 300.000 encore en Libye, certains rapports avançant même le chiffre de 400.000 migrants africains encore bloqués sur le sol libyen.

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