Le retour de ATT au Mali était très attendu, y compris par ses partisans mais aussi par la classe politique malienne. Le 24 décembre dernier, ils étaient environ 300 partisans de l’ancien chef de l’Etat malien à se rendre à l’aéroport pour accueillir Amadou Toumani Touré, exilé au Sénégal depuis sa destitution par un coup d’état militaire en 2012. Après cinq années d’exil, l’ancien président malien s’est par la suite entretenu avec Ibrahim Boubakar Keita, l’actuel chef d’Etat malien. Ce dernier s’est grandement félicité du retour de son compatriote après tant d’années passées au Sénégal, sous la menace d’une poursuite judiciaire qui a été finalement rejetée par les députés l’année dernière. Une fois installé au pouvoir, le capitaine Amadou Haya Sanogo avait accusé l’ancien général de l’armée malienne de ‘‘trahison’’, après avoir annoncé sa démission en avril 2012, ATT était sous la menace d’un procès au Mali pour ‘‘haute trahison’’. Mais l’année dernière, les députés maliens, sous l’ère IBK, ont décidé de lever les poursuites contre Amadou Toumani Touré, ouvrant ainsi la voie à un retour de l’ancien président malien chez lui. Pour l’heure, aucun commentaire sur les ambitions politiques de l’ancien président malien, même si certains de ses partisans se montrent déjà favorables à un retour de l’ancien général sur la scène politique. Au-delà des sentiments de joie que lui ont témoignés ses partisans, le retour du général dans son pays pourrait aussi être une aubaine pour IBK, l’actuel président malien, d’autant plus que l’arrivée de ATT intervient à un an de la prochaine élection présidentielle au Mali.
Le retour d’ATT, une occasion inespérée pour IBK ?
Elu en 2013 à une majorité écrasante de 77,61% face à Soumaïla Cissé, le président IBK avait fédéré à l’époque une forte alliance autour de sa candidature contre son adversaire. Mais après sa réélection, la majorité des partis qui l’avaient soutenu ont fini par lui retirer leur confiance, multipliant ainsi les défections dans le camp de l’actuel président malien. Malgré une côte de popularité en forte baisse, Ibrahim Boubakar Keita envisage certainement de briguer un second mandat lors de la présidentielle 2018 au Mali. Mais le sombre tableau du bilan de son premier quinquennat joue très peu en sa faveur. De plus en plus isolé sur la scène politique malienne, le camp IBK devra rebondir dans les sondages avant la tenue de l’élection prévue pour l’année prochaine. Pour certains, ce retour de l’ancien président ATT, surtout à un an de la présidentielle, alors que les poursuites contre lui avaient été annulées depuis 2016, n’est pas fortuit. Même si Amadou Toumani Touré se défend d’une quelconque négociation menée avec les autorités maliennes, son retour d’exil à un an du scrutin permettra sans doute au camp IBK de regagner en popularité et goupiller quelques électeurs auprès des partisans de Toumani Touré.