Human Rights Watch a tiré la sonnette d’alarme ce lundi sur la situation de la communauté homosexuelle au Ghana. Dans un rapport paru ce 8 janvier, l’organisation internationale de défense des droits de l’homme a dénoncé la discrimination subie par les personnes de la communauté LGBT. En plus d’avoir dénoncé les violences subies par les gays, lesbiennes au Ghana, l’ONG international des droits humains appelle par-dessus-tout le gouvernement à agir contre ces violences. Pour cela, Human Rights Watch milite actuellement pour une abrogation du code pénal ghanéen interdisant avec fermeté les « relations charnelles non naturelles », entre autres les relations entre personnes homosexuelles ou les lesbiennes. Selon l’ONG internationale, l’abrogation de la section 104(1)(b) du code pénal ghanéen en vigueur depuis 1960 ouvrirait la voie à une reconnaissance des droits des gays et lesbiennes au Ghana : ‘‘Avoir une loi qui pénalise les relations homosexuelles entre adultes consentants contribue à l’instauration d’un climat dans lequel les personnes LGBT sont souvent les victimes de violence et de discrimination. Les propos homophobes exprimés par des représentants publics locaux et nationaux, par des chefs traditionnels et par des hauts dignitaires religieux fomentent la discrimination et, dans certains cas, incitent à la violence.’’, a expliqué Wendy Isaack, une spécialiste du droit de la communauté LGBT auprès de l’Organisation internationale de défense des droits de l’homme.
Les homosexuels au Ghana souhaitent une reconnaissance de leur statut
En plus d’être victime de discrimination sur le plan social, voire même politique, les homosexuels ghanéens sont souvent pris à partie par les homophobes, en dépit des mesures prises par la commission ghanéenne des droits de l’homme et la police. La reconnaissance du statut de la communauté LGBT qui passe par l’abrogation de la loi pénale interdisant l’homosexualité reste donc la seule issue pour les personnes gays et lesbiennes au Ghana, d’autant plus que la discrimination dont elles sont victimes constitue aussi un frein à leur insertion sociale : « Le gouvernement doit reconnaître que nous sommes des êtres humains avec notre dignité ; nous n’avons pas à être traités comme des parias dans notre propre société. Nous voulons être libres et pouvoir garder la tête haute en public et ne plus avoir à affronter les obstacles et le harcèlement au quotidien – ceci nous permettra de suivre des études, d’apprendre un métier et de trouver un travail avec plus de facilité et d’être des Ghanéens utiles et productifs. », a confié une lesbienne ghanéenne à Human Rights Watch.
L’abrogation de la loi anti-homosexuelle, utopie entre réalité
Si les hommes religieux et chefs coutumiers condamnent fermement les relations homosexuelles au Ghana, les plus hautes autorités du pays semblent également opposées à l’idée de reconnaître le statut de la communauté LGBT. L’année dernière, Mike Ocquaye, le porte-parole du Parlement au Ghana, a qualifié sans détour ‘‘d’abomination’’ les ‘‘relations charnelle non naturelles’’. Cette réaction du parlementaire ghanéen montre encore que les plus hautes autorités du pays ne semblent pas encore disposées à accorder un statut protégeant juridiquement les homosexuels ghanéens des violences et de la discrimination subies. Pour sa part, le président de la République affiche une neutralité dans cette lutte menée par Human Rights Watch. Interrogé par la chaîne Al-Jazeera sur le maintien de la loi pénalisant l’homosexualité, Nana Akufo-Addo a fait savoir qu’une ‘‘coalition suffisamment solide n’a pas encore émergé, qui aurait un impact tel sur l’opinion publique pour l’amener à dire ‘changez-la’ – dirigeons-nous alors vers un nouveau paradigme au Ghana’’. Marginalisés, les gays et lesbiennes ghanéens sont encore minoritaires au pays, comme dans la majorité des Etats africains. La reconnaissance de leur statut au Ghana comme ailleurs en Afrique reste encore une pilule amère pour les africains.