Côte d’Ivoire : La situation sécuritaire à Bouaké à nouveau explosive

Tatiana Agostino

La ville semble être aujourd’hui un noman’sland aux mains de quelques chefs rebelles qui ne répondent qu’à leurs propres agendas.
La bilan sécuritaire de la ville de Bouaké est à nouveau explosive. Depuis quelques jours, une querelle a éclaté entre les frères d’armes pour une raison non encore confirmée. Quelques jours après le premier accroc, la ville a encore volé en éclats dans la nuit du mardi 9 au mercredi 10 janvier. Des tirs ont été entendus dans la 2e plus grande ville de Côte d’Ivoire alors qu’on croyait l’affaire régler. Les échanges entre les hommes armés auraient duré des heures, obligeant les habitants à se terrer chez eux.

Pour une histoire de relations amoureuses

Le samedi 6 janvier dernier, la ville de Bouaké a, à nouveau, capté l’attention de tout un pays. Désormais il est coutume que tout bruit de bottes parte de cette ville qui a été le fief de la rébellion entre 2002 et 2010. En 2017, d’importantes mutineries sont parties de cette ville symbole. A peine l’année commencée que la ville est ébranlée par de nouveaux conflits. Selon les indiscrétions, les affrontements du samedi 6 sont dus à une histoire de jalousie amoureuse. Un soldat du Bataillon d’Artillerie Sol Sol (Bass) aurait découvert qu’un agent du Centre de Coordination des Opérations de Sécurité (CCDO) entretenait des relations amoureuses avec sa copine. Il s’en est suivi des affrontements entre les troupes auxquelles appartiennent ces deux soldats. Les combats auraient entrainé la mort du lieutenant Amoudé Traoré, mais ce dernier est réapparu, faisant mentir les rumeurs.

De nouveaux tirs dans la ville de Bouaké

Alors que tout le monde croyait la querelle entre les soldats du Bass et du CCDO vidée, la ville de Bouaké est à nouveau secouée par des tirs. Selon des témoins, les tirs ont commencé dans la nuit d’hier mardi, plus précisément à 20h30. Un militaire joint sur place aurait confié que ces affrontements visaient à mettre le grappin sur le Sieur Amoudé Traoré, un ancien cordonnier qui a gravi les échelons au sein de l’ex rébellion au point de devenir aujourd’hui Lieutenant. Ce dernier serait l’oreille et les yeux du CCDO dans la ville de Bouaké. Le CCDO, ce corps d’élite de l’armée ivoirienne, n’est pas bien vu par les combattants de la ville, en conflits avec certains de leurs chefs devenus des pontes du régime. Ainsi les forces du Bass se seraient dirigées vers le camp du CCDO qui aurait évacué ses éléments pour éviter un accroc.

Les autorités peinent à mettre sous contrôle la ville

Bien que le pire ait été évité par la sagesse des forces mixtes du CCDO, il y aurait eu un mort et un blessé. Ces affrontements ont lieu malgré le message du Chef d’Etat-major, le 4 janvier. De fait, le Général Sékou Touré avait présenté ses excuses à la nation après les nombreuses mutineries de 2017 et avait promis que l’armée remplirait son devoir en 2018. Comme on le voit, son discours est resté lettre morte. L’on se rappelle que l’année dernière, le Président lui-même était monté au créneau, mais les mutins n’avaient pas obtempéré.
Peut-on encore espérer que Bouaké rentre enfin dans la République pour 2018 ? C’est apparemment peine perdue car la ville serait en proie à des rivalités très féroces entre frères d’armes de l’ex rébellion. Au cœur de ces dissensions, des problèmes de leadership et d’argent. L’Etat de Côte d’Ivoire doit incessamment prendre ses responsabilités pour éviter que cette ville devienne un Etat dans un Etat. La plus part des Ivoiriens s’accordent à dire aujourd’hui que la situation sécuritaire est critique à Bouaké.

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