Naturalisation de Blaise Compaoré : une ruse politique préméditée ?

La naturalisation de Compaoré fait l’objet de vives polémiques en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso. Alors que la normalisation des relations ivoiro-burkinabé peine à se concrétiser en dépit des apparences, le brûlant dossier de l’extradition de Blaise risque d’être rangé dans les archives

La nationalité ivoirienne accordée à l’ancien président du Faso

La naturalisation de Blaise Compaoré, ancien président du Burkina, fait la une de la presse aussi bien en Côte d’Ivoire qu’au « pays des hommes intègres ». Cette effervescence est liée au fait qu’une partie de l’opinion estime que l’octroi de la nationalité ivoirienne était une manœuvre politique bien préméditée. En décembre 2015, un mandat d’arrêt international a été émis contre l’ancien dirigeant du Faso dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de Thomas Sankara en octobre 1987. De ce fait, les autorités ivoiriennes avaient été sollicitées par la justice burkinabé en vue de procéder à l’extradition de Blaise. Après une longue période de mutisme, un décret d’une vingtaine de lignes signé par le président Ouattara, annonce l’octroi de la nationalité ivoirienne à Blaise Compaoré et aussi à son frère François Compaoré. Bénéficiant désormais de la citoyenneté ivoirienne, Blaise est quasiment assuré d’échapper aux filets de la justice de son pays. Ce coup de maître de l’ex-chef d’état avait-il été préparé à l’avance ?

Entre la naturalisation de Blaise et la normalisation des relations ivoiro-burkinabé

Les liens séculaires qui unissent la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso ont commencé à se détérioré à partir de septembre dernier. Les mandats d’arrêts émis contre Guillaume Soro et Compaoré sont à l’origine des tensions diplomatiques entre les deux pays. Malgré les heurts, les deux chefs d’Etats affichent une volonté commune d’apaiser ces tensions pour consolider les relations fraternelles existant. Cependant, la main tendue du chef d’état ivoirien suscite encore de gros doutes auprès de l’opinion burkinabé qui attend le président Ouattara sur des actions plus concrètes comme l’extradition de Blaise. Cette décision aurait sans l’ombre d’un doute confirmé les bonnes intentions ivoiriennes que le Faso a encore du mal à accepter. Le dossier Blaise joue donc un rôle déterminant dans la normalisation des rapports entre les deux voisins. Livrer Compaoré à la justice de son pays serait un pas important fait par la Côte d’Ivoire dans le sens de l’apaisement.

Naturalisé ivoirien, Blaise n’est plus extradable

Le silence des autorités ivoiriennes face à la requête d’extradition de Blaise avait été jugé au Burkina comme une volonté de ne pas traduire le chef de l’ancien de régime devant les juridictions de son pays. Cette théorie s’est manifestement renforcée ces derniers jours lorsque l’annonce de la naturalisation de Compaoré a été rendue publique. Ce dernier a pu bénéficier de la nationalité par le lien du mariage avec son épouse qui est ivoirienne d’office. Grâce à cette nouvelle citoyenneté, la Côte d’Ivoire dispose d’un solide argument juridique pour répondre négativement à la demande de son voisin car notre pays n’extrade jamais ses ressortissants. La naturalisation est donc la réponse que l’Etat ivoirien fait parvenir au Burkina Faso qui a clairement compris que l’arrestation de Blaise ne sera pas pour sitôt.

Une ruse politique parfaitement préméditée ?

Les vents de rumeurs autour de la naturalisation de Compaoré ont commencé à se répandre dès le mois de janvier. Pourtant, la nationalité ivoirienne lui a été attribué bien assez tôt qu’on le pense. Le décret signé par le président ivoirien octroyant la citoyenneté à Blaise date exactement du 17 novembre 2014, c’est-à-dire plus d’un an avant le mandat d’arrêt émis contre lui par son pays. En gros, son statut de citoyen ivoirien a été confirmé seulement un peu plus de semaines après son départ du pouvoir. En théorie, cela revient à dire que le mandat d’arrêt émis contre le citoyen burkinabé qu’il était n’est plus valable car sa naturalisation a été effectuée bien avant longtemps. Blaise aurait-il prémédité cet échappatoire avant sa destitution du pouvoir ? Toutes les pistes semblent l’indiquer apparemment.

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