Elles sont de plus en plus fâchées contre les autorités locales, principalement les maires. Ces derniers sont accusés de défendre les intérêts des investisseurs étrangers au détriment des Ivoiriens. Adjamé qui demeure la commune la plus touchée est à nouveau en ébullition.
Comme dernièrement à Soubré, vendredi 16 février, les commerçants de la casse d’Adjamé ont bruyamment manifesté contre le premier magistrat de la commune, qui n’est autre que Monsieur Sylla Youssouf. Sortis nombreux dans la rue, les protestataires criaient des slogans hostiles à l’endroit du maire. Ils ont juré qu’ils iraient jusqu’au bout, même si morts devraient s’en suivre. Que se passe-t-il encore à Adjamé ?
Les commerçants de la casse crient leur colère
Ce vendredi 16 février, la commune d’Adjamé et son marché a été secouée par les cris de prestations des commerçants de la casse. Tous ceux qui vivent de cette casse et de ces alentours, ont tenu à dire leur mécontentement au maire Youssouf Sylla, à la tête de la commune depuis des années. Particulièrement surexcités, ils scandaient « Sylla voleur, Sylla voleur ! » à tout bout de champ. Ils reprochent au premier magistrat de la commune de faire les affaires des commerçants étrangers au détriment des populations locales. L’un d’entre eux, affirme : « Nous on travaille à la casse pour nourrir nos familles, mais Sylla Youssouf a vendu la casse aux Haoussas (ressortissants nigériens) pour vendre du bois. On ne va pas accepter cela, c’est sur nos cadavres ça va se passer. Aujourd’hui s’il y a morts ici ce sera la faute de Sylla Youssouf. Cette situation c’est Sylla Youssouf qui l’a créée et il va le payer (…) Sylla Youssouf veut nous mettre à la rue, on ne va pas l’accepter. ». Tous ces commerçants descendus dans la rue ne veulent pas qu’on brade leurs gagne-pains quotidiens pour quelques deals que ce soit.
Adjamé sous la menace de nombreux déguerpissements
Ce n’est pas la première fois que cette commune commerciale est visée par des procédures de déguerpissements. Ces déguerpissements sont devenus le lot quotidien des marchands et vendeurs de la ville. D’autres places fortes comme le Forum et la rue Nangui Abrogoua ont été l’objet d’opérations bulldozer. Malheureusement cela n’a jamais abouti, en tout cas dans la durée. Les populations, qui n’ont pas d’autres moyens de subsistances que leurs commerces, n’ont jamais approuvé ces procédures. Elles se disent même trahies par le gouvernement et l’équipe municipale qu’elles auraient votés et soutenus dans les moments difficiles de la crise ivoirienne.
Les maires dans l’œil du cyclone
La grogne à la casse de d’Adjamé n’est pas un fait isolé en Côte d’Ivoire. Depuis quelques mois, les autorités se mettent régulièrement à dos les populations en adoptant des mesures qui vont visiblement à l’encontre des intérêts de celles-ci. Il y a tout juste une semaine, les habitants de Soubré ont violemment protesté contre leur maire. Ils soupçonnaient ce dernier d’avoir provoqué l’incendie du marché principal pour pouvoir vendre la parcelle à des investisseurs libanais. A l’approche des élections municipales, il est clair que ces incidents ne font pas l’affaire des maires qui voudraient se représenter.
Si les maires n’ont pas la côte aujourd’hui auprès de leurs populations c’est, peut-être, en grande partie à cause de certaines mesures impopulaires qu’ils prennent. Dans certains cas, l’on voudrait redonner fière allure à la ville d’Abidjan et dans d’autres cas, l’on aimerait voir se développer de gros commerces. Sauf qu’en Côte d’Ivoire, une large proportion de la population vit des PME et des petits services. Nos autorités devraient donc, nous pensons, concilier les préoccupations des populations ivoiriennes et les nécessités de l’économie libérale. Après tout le but premier de tout gouvernement n’est-il pas le bonheur de ses citoyens ?