RDC : Que se passe-t-il chez Joseph Kabila ?

Depuis des années, et encore plus depuis le 20 décembre 2016, sa présence à la tête du pays est fortement contestée. Le fils de l’autre-Joseph Désiré Kabila-donne l’impression de ne plus vouloir passer la main.

Contre les prévenances de la communauté internationale et contre la volonté, sinon du peuple congolais, du moins d’une large partie des Congolais, Kabila fils tient toujours le gouvernail du plus grand pays d’Afrique. L’Eglise, qui s’est mêlée de l’affaire, s’est vu également, gentiment reconduite par le pouvoir kinois. Désormais, Joseph Kabila n’écouterait personne, fut-il investi de l’autorité divine. Il n’écouterait que ses ambitions qui le pousseraient à briguer un troisième mandat.
Joseph Kabila et son clan, tiendrait absolument à ce troisième mandat quitte à rompre les amarres avec la communauté internationale. Il y a deux semaines, c’est avec l’ancien colonisateur, la Belgique, qu’il a en partie consommé le divorce après certaines manœuvres diplomatiques. C’est certainement, pour renouer ses relations diplomatiques, que Joseph Kabila a effectué une visite d’amitié ce weekend en Zambie où il a rencontré son homologue Edgard Lungu.

Coup de froid diplomatique entre Kinshasa et Bruxelles

Les relations diplomatiques entre la Belgique et son ancienne colonie, la République Démocratique du Congo, se sont encore ternies ces derniers jours. Tout a commencé le lundi 5 février quand Kinshasa a demandé à Brussels Airlines de réduire la fréquence de ses vols en direction de son territoire. Le Directeur Générale de l’aviation civile congolaise, Jean Tshiumba avait adressé un courrier à la représentante de la compagnie aérienne à Kinshasa, qui stipulait : « Le nombre des fréquences hebdomadaires alloué à votre compagnie Brussels Airlines est réduit de sept à quatre à partir du lundi 5 février 2018 ». Le jour suivant les autorités avaient demandé à Bruxelles de fermer son consulat de Lubumbashi dans le sud-est du pays. Kinshasa avait déjà pris d’autres mesures contre la Belgique, en janvier, en réponse à sa politique jugée offensante. La Belgique, ainsi que l’Union Européenne, ont pris une série de sanctions à l’endroit de personnalités congolaises pour violation des droits de l’homme.

Joseph Kabila à Lusaka ce weekend

C’est dans ce contexte que Joseph Kabila s’est rendu, samedi, à Lusaka, capitale de la Zambie pour y rencontrer le Président Edgar Lungu. Il était en Zambie à l’invitation du président zambien pour une visite officielle de deux jours. Bien évidemment, les discussions ont porté sur la situation socio-politique en République Démocratique du Congo. Joseph Kabange Kabila a assuré son hôte que tout va bien au pays et qu’il n’y a pas de raison d’en faire tout un tas. Puis il ironise : « Indépendamment de ce que vous entendez à la radio et à la télévision, dîtes moi quel est le pays qui n’a pas de problème ? Un tel pays est probablement au paradis. ». De son côté, le chef d’Etat zambien, Edgar Lungu appelle de tous ces vœux l’organisation des élections conformément aux accords de la Saint-Sylvestre qui prévoie une transition et une élection présidentielle en fin d’année.

La Cour Pénale Internationale saisie

Pendant ce temps, au pays, les populations crient vengeance, la face tournée vers la Cour Pénale Internationale. Des organisations de la société civile telles que Le Congolais Debout et le FIDH ont déposé ce lundi un mémo à la CPI pour demander qu’il soit ouvert des enquêtes sur les violences dans le Kasaï et dans le Kivu, ces deniers mois. Ces violences sont survenues pendant des répressions plus ou moins politiques. Le Bureau du Procureur, apprend-on, a accusé réception du mémorandum. Le chef des Informations et des Eléments de preuve, Mark Dillon a envoyé une réponse dans laquelle il écrit : « Les informations y figurant ont été inscrites comme il se doit au registre des communications du Bureau et recevront toute l’attention voulue, conformément aux dispositions du statut de Rome de la CPI. ». Le Parlement Européen avait, en janvier, demandé à la Cour d’enquêter sur les crimes commis au Kasaï en fin d’année 2016. Voilà que le bras de fer entre Kinshasa et la communauté internationale prend une tournure dangereuse.
Le président sortant, Joseph Désiré Kabila, est surement en train de vivre les derniers instants de son long règne. Arrivé à la tête du pays en 2001, à la suite de l’assassinat de son père, il devrait sans doute penser à une porte de sortie honorable, pendant qu’il est encore temps. En 2016, son deuxième mandat était expiré, mais Kabila fils est toujours à la barre, plus d’un an après. Maintenant qu’une requête a été émise contre sa personne à la CPI, ne devrait-on pas craindre de voir le clan Kabila s’accrocher désespérément au pouvoir pour fuir, ou du moins retarder l’action judiciaire enclenchée ?

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