Si la communauté musulmane était restée quasiment silencieuse depuis le début de la mise en examen de Tariq Ramadan, les langues se délient au fil des jours pour soutenir l’islamologue présumé coupable dans deux affaires de viol. En France, plusieurs imams rompu le silence pour dénoncer l’acharnement de la presse française qui des fois piétine le principe de la présomption d’innocence dans ce scandale d’agression sexuelle.
L’islamologue Tariq Ramadan mis en examen dans deux affaires de viols en France est désormais soutenu par de nombreux imams français. Constatant l’acharnement de la presse française sur le conférencier musulman, au point même d’oublier le principe de présomption d’innocence, certains recteurs musulmans en France ont tenu a rappeler ce principe fondamental de la présomption d’innocence auquel chaque accusé a droit dans une bataille juridique. Abdelomnaïm Boussenna, l’imam de la mosquée des Trois ponts de Roubaix, a récemment consacré tout un chapitre du sermon traditionnel qui précède la prière du vendredi à ce principe de la présomption d’innocence. Le recteur de la mosquée des Trois Ponts n’est pas le seul imam à mener campagne pour rappeler ce principal fondamental dans une affaire aussi sensible que celle de Tariq Ramadan accusé de viols. Sur son compte Facebook, Ahmed Mikhtar, l’imam de la Grande Mosquée de Villeneuve-d’Ascq, a lui aussi rappelé ce principe que certains journaux de la presse française auraient selon lui bafoué à travers leurs écrits, c’est-à-dire en condamnant Tariq Ramadan avant même la fin de ce feuilleton juridique. Même son de cloche chez les imams des mosquées de Lyon (Kamel Kabtane) et de Villeurbanne (Azzedine Gaci), qui expliquent dans un communiqué conjoint que « Le régime d’exception et la sévérité appliquée à cet intellectuel de renom, reconnu et respecté au sein des musulmans de France, alimentent sans cesse le sentiment d’une justice à double vitesse et nourrissent l’idée selon laquelle Tariq Ramadan est plus jugé pour ses idées et ses engagements que pour les faits qui lui sont reprochés, et sur lesquels la justice doit pouvoir travailler en toute sérénité ». Les deux imams vont même plus loin en exigeant la libération de Tariq Ramadan dont l’état de santé divise la justice et ses partisans : « Loin de toute autre considération, c’est au nom de cet esprit de justice sereine et apaisée que nous demandons sa libération immédiate en raison de la dégradation de son état de santé ».
Deux affaires de viols toujours sans preuve ?
A en croire ses partisans, Tariq Ramadan serait victime d’une théorie du complot orchestrée par ses nombreux détracteurs en France. Depuis sa mise en garde à vue qui remonte à environ un mois, l’islamologue a n’a été confrontée qu’à une seule reprise avec l’une de ses deux plaignantes. A l’issue de cette confrontation, le conférencier musulman et professeur d’études islamiques à l’université d’Oxford a été déféré au Parquet. En dépit de son état de santé jugé incompatible avec sa détention par un médecin de la prison, Tariq Ramadan a été maintenu en détention suite à une expertise médicale qui a estimé que son état de santé était à l’évidence compatible avec sa détention. Les avocats de Tariq Ramadan avaient contrattaqué en déposant une plainte contre Caroline Fourest pour collusion de témoin, étant donné que les deux plaignantes dans l’affaire avaient eu plusieurs contacts téléphoniques via la ligne de la compagne de l’essayiste française. Celle-ci a récemment riposté en déposant une plainte contre le conférencier musulman pour ‘‘dénonciation calomnieuse’’.