Attentat de Bassam en Côte d’Ivoire : Une attaque inéluctable ?

Kan Frédéric

L’attentat qui a frappé la ville de Bassam hier en Côte d’Ivoire a confirmé la terrible menace que redoutait la population depuis quelques temps. Malgré la vigilance des autorités ivoiriennes, les djihadistes ont réussi à semer la terreur au pays comme partout ailleurs où ils sont passés. Au lendemain des faits, la mission du gouvernement est naturellement d’éviter que cela ne se reproduise, mais l’équation n’est pas si simple

Psychose dominicale dans la première capitale ivoirienne

L’attentat terroriste survenu le dimanche 13 mars dans la ville de Grand Bassam a sans le moindre doute endeuillé toute la nation ivoirienne. L’actualité en Côte d’Ivoire est dominée depuis hier par la sanglante attaque qui a touché trois complexes hôteliers. La station balnéaire bassamoise, située à quelques 43 kilomètres d’Abidjan, a été prise pour cible par des djihadistes dans l’après-midi aux environs de 13heures. Des individus lourdement armés ont fait irruption aux alentours de l’Hôtel Etoile du Sud et tiré à bout portant sur les personnes qui se trouvaient sur les lieux. Selon le bilan provisoire dressé par le gouvernement, il y’aurait au total 22 blessés et 16 victimes parmi lesquelles deux soldats des forces spéciales ivoiriennes. Du côté des assaillants, 6 rebelles ont été tué, ce qui porte à 22 le nombre de personnes décédées hier dans la première capitale du pays.

Un attentat lié à Charlie Hebdo et le Bataclan à Paris

La montée en puissance du terrorisme dans la sous-région ouest africaine soulevait de sérieuses inquiétudes, en raison de la capacité des gouvernements à faire face à cette menace. Après les attentats contre le journal satirique Charlie Hebdo en Janvier et le Bataclan de Paris en novembre dernier, les djihadistes ont multiplié leurs offensives dans la partie occidentale de l’Afrique. C’est ainsi que le 20 novembre un important complexe hôtelier situé à Bamako dans la capitale malienne a été visée par des terroristes. Deux mois plus tard, c’est-à-dire au mois de janvier, c’est au tour de Ouagadougou la capitale du Faso, de subir la terreur des assaillants. Deux autres mois après, c’est la Côte d’Ivoire qui se retrouve endeuillée par la faute des assaillants. Pour établir un possible lien entre Paris et ces villes africaines, remontons en 2015 plus précisément en Janvier. La nouvelle année débute du mauvais pied en France avec les attentats de Charlie Hebdo. Plusieurs chefs d’états africains témoignent leur solidarité avec le peuple français. Les djihadistes promettent de conséquences lourdes pour les états du continent noir ayant affiché leur soutien à la France. Après l’attaque terroriste du bataclan à Paris, les djihadistes focalisent leur attention sur l’Afrique de l’ouest, une zone où les intérêts français sont très importants. En l’espace de 4 mois, trois pays anciennes colonies de la France sont déjà touchées, et la menace est toujours réelle.

Bassam était-elle une cible prévisible ?

Le mode opératoire des assaillants a été le même depuis Paris jusqu’aux villes de Bamako, Ouagadoudou et Grand Bassam. Dans un premier temps, les cibles privilégiées par les djihadistes représentent pour chaque pays des symboles importants. A l’instar des lieux précédemment ciblés, la station balnéaire ivoirienne frappée hier par les terroristes est une destination touristique très prisée par les ressortissants étrangers, en l’occurrence les européens. A ce propos, 4 expatriés de race blanche dont un français ont succombé sous le coup des balles meurtrières d’Al Qaïda au Maghreb Islamique. Pour les trois attaques, ce sont à chaque fois des complexes hôteliers qui ont été visés. Dans cette logique, l’on pourrait admettre que les tueries d’hier étaient en quelque sorte prévisible. Mais il est très difficile de prévoir avec exactitude à quel moment les rebelles vont frapper et les lieux qui seront visés. La seule certitude est que le mode opératoire est similaire partout les djihadistes signalent leur présence.

 

L'Hôtel l'étoile du sud à Bassam, situation après l'attentat, l'hôtel après le choc il faut continuer à vivre.
L’Hôtel l’étoile du sud à Bassam, situation après l’attentat, l’hôtel après le choc il faut continuer à vivre.

La Côte d’Ivoire face au défi de l’éradication de la menace terroriste

La menace djihadiste est l’un des maux de notre ère dont l’équation reste pour le moment irrésolue. Le gouvernement ivoirien s’est pleinement investi dans la lutte contre le terrorisme. Grâce à l’échange d’information, les services de renseignements ivoiriens ont réussi à déjouer de nombreuses tentatives d’invasion djihadiste ces dernières années. Un corps d’élite spécialement formé pour cette situation a même été mis en place par le ministère de l’intérieur. Mais apparemment, tous ces efforts n’ont servi qu’à retarder l’échéance car les assaillants ont fini par obtenir gain de cause. Comme la France, le Mali et le Burkina, notre pays n’a pas été en mesure de contrer la menace. L’intervention de la FRAP a cependant permis de reprendre le contrôle de la situation mais seulement après les dégâts causés par les terroristes. Un défi de taille attend l’actuel gouvernement, comment empêcher que de tels faits ne se reproduisent à nouveau ? Une équation dont la solution échappe encore les grandes puissances.

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