La corruption est un fait indéniable en Afrique, et même dans le monde. A l’échelle mondiale, le coût des pots-de-vin serait estimé entre 1500 et 2000 milliards de dollars d’après les chiffres fournis par le Fonds Monétaire International. Le continent africain est frappé de plein fouet par ce phénomène qui l’enfonce de plus en plus vers un seuil de pauvreté.
La courbe sera-t-elle un jour inversée dans la lutte contre la corruption en Afrique ? Pour le moment, ce ne sont pas les bonnes volontés qui manquent. Mais en dépit des initiatives, les résultats se font toujours attendre sur le continent africain, excepté quelques pays qui ont amélioré leur IPC (Indice de Perception de la Corruption). C’est en 2003 que l’Union Africaine a décidé de prendre le taureau par les cornes pour combattre ce fléau qui handicape grandement le développement de l’Afrique. La convention sur la prévention et la lutte contre la corruption adoptée en 2003 n’entrera en vigueur que trois plus tard, c’est-à-dire en 2006. Mais plus de dix après, les lignes ont très peu bougé et le fléau est toujours d’acuité. Dans le classement Transparency International, seuls 6 pays sur les 54 que compte le continent sortent du lot. Le Botswana, le Rwanda, la Namibie, le Seychelles, le Cap-Vert et l’Ile Maurice affichent des indices de corruption supérieurs à 50. Si ces bons élèves en Afrique sont salués pour leurs progrès, l’on serait tenté de dire que ces progrès ne constituent qu’une goutte d’eau dans un vaste océan. Car il y’a trois ans de cela, l’ONG Transparency International publiait dans un rapport des statistiques inquiétantes. Le rapport indiquait que 75 millions d’africains avaient versé des pots-de-vin dans le but d’avoir accès à certains services au niveau de l’éducation et de la santé. Le rapport précisait également que 58% des africains estimaient que la corruption avait pris de l’ampleur, des chiffres confirmés l’an dernier par un sondage effectué l’an dernier par Afrobaromètre. Après avoir sondé des populations dans environ 36 états africains, l’institut a révélé que 55% des africains ont affirmé que la corruption avait augmenté dans leur pays.
Les statistiques de la corruption difficiles à établir en Afrique
Pour lutter efficacement contre la corruption pour mieux instaurer la bonne gouvernance en Afrique, il faudrait avant tout disposer des vraies données sur le phénomène, ce qui n’est pas toujours évident dans la majorité des états africains. S’il est difficile de quantifier le phénomène, d’après un expert de la Banque Mondiale, les dirigeants africains seraient en première ligne des personnalités responsables de la corruption. Selon l’économiste Daniel Kaufmann « Mobutu dans l’ex-Zaïre et Abacha au Nigéria ont chacun détourné environ 5 milliards de dollars». Mais ces statistiques ne sont rien comparées aux chiffres avancés par Vera Songwe en janvier dernier : « 148 milliards de dollars sont drainés hors du continent par diverses formes de corruption, ce qui représente environ 25% du PIB moyen de l’Afrique », expliquait l’économiste camerounaise. Chaque année, un quart du PIB africain se volatilise sous l’effet de la corruption. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le continent africain a encore du chemin à faire pour mettre à ce phénomène.