Sénégal : les enseignants grévistes assiègent les bâtiments administratifs

Ils menacent de boycotter les examens et les compositions de passage si l’Etat ne satisfait pas leurs exigences qui perdurent depuis 2014. Plusieurs grèves avaient eu lieu courant janvier et février pour secouer le cocotier sous lequel s’était assoupi le gouvernement sénégalais. Aujourd’hui 1er mars, ils ont à nouveau battu le pavé d’une manière plus bruyante encore.

Les enseignants grévistes du secondaire et du supérieur du Sénégal ont assiégé, dans la matinée de ce jeudi 1er mars, des bâtiments administratifs. Cette fois ci ils n’étaient pas seuls car leurs étudiants leur ont prêté mains fortes pour obtenir gain de cause. Plusieurs marches ont eu lieu dans différentes villes et ont connu diverses sanctions.

Ce que les enseignants réclament à l’Etat

Depuis le début de l’année 2018, grèves et marches sont au programme de l’école sénégalaise. Les enseignants, qui ont maille à partir avec les autorités nationales, ont initié plusieurs journées de protestations à partir du mois de janvier. Ces grèves très marquantes, dites grèves totales, ont eu lieu les 30 et 31 janvier et les 1er et 16 février 2018. A cette occasion, les principaux syndicats enseignants, ont appelé leurs collègues à ne donner aucun cours, même ceux qui sont payants. Les enseignants du secondaire et du supérieur réclament de l’Etat sénégalais un nouveau plan d’action. Celui-ci devra réétudier la question des indemnités de salaire et de logements. Une réunion entre les protagonistes avait eu lieu au début du mois de juillet mais elle avait accouché d’une souris, en tout cas pour les pédagogues. Le ministère de tutelle avait laissé entendre qu’il serait difficile d’adhérer à leurs doléances compte tenu de la forte variabilité salariale entre les enseignants. De leur côté, les pédagogues estiment que le gouvernement fait preuve de mauvaise foi en décidant d’ajouter seulement 6000 FCFA à leurs indemnités.

Les enseignants assiègent le ministère et se font embarquer

Dans la matinée de ce jeudi 1er mars, des enseignants se sont déportés devant le siège du ministère de l’éducation nationale à Dakar. Ils appartiennent tous au Syndicat Autonome pour le Développement de l’Education et de le Formation qui avait prévu un sit-in ce matin. Aux dernières nouvelles, le siège des locaux du ministère de l’éducation nationale n’a pas eu lieu, en tout cas pas longtemps. Il a été écourté par les forces de l’ordre qui auraient embarqué, manu militari, les grévistes. Les enseignants ont eu à peine le temps de se réunir et de scander des slogans qu’ils se sont retrouvés dans les cargos de la police dakaroise.

A Kaolack, un tout autre scenario

A Kaolack, une petite ville au centre-est du Sénégal, l’ambiance aurait été toute autre. Là-bas, les enseignants ont bel et bien manifesté et, plus encore, avec leurs élèves. Cette manifestation a été initiée par le collectif G6 qui regroupe les 6 syndicats les plus représentatifs du Sénégal. Il s’agit du Saems, du Cusems, du Sels, du Sels/A, de l’Uden et du Snelas/FC. Ils se sont donné rendez-vous devant le lycée Valdiodio Ndiaye, comme point de départ. Les élèves aussi ont répondu à l’appel de leurs professeurs même s’ils doivent payer les frais de ce mouvement d’humeur.
Encore une fois les enseignants du secondaire et supérieur du Sénégal sont en grève. Ils ont pourtant prévenu le gouvernement qu’ils ne lâcheront rien tant qu’ils n’auront pas eu gain de cause. A l’heure où nous mettions sous presse nos informations, la marche avait toujours cours. Elle serait arrivée au niveau de la préfecture de la ville avec des pancartes très explicites. Parqués devant la préfecture, sous l’œil déconcerté du préfet, les pédagogues se faisaient bruyamment entendre.

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