Trois jours après les attaques simultanées contre l’ambassade de France au Burkina et l’état-major des armées situé en plein cœur de Ouagadougou, de nombres zones d’ombres laissent penser que les assaillants avaient probablement bénéficié d’une complicité interne au sein de l’armée burkinabè. L’un des deux présumés djihadistes arrêté et interrogé est fortement soupçonné de lien avec certains gradés de l’armée.
L’attaque de Ouagadougou fait encore la une de l’actualité au Burkina Faso ce lundi matin. Trois jours après le double raid mené contre l’ambassade de France et le QG de l’état-major des armées situé à Ouagadougou, les langues se délient de plus en plus pour évoquer la théorie d’une complicité interne entre les assaillants et certains gradés de l’armée burkinabè. Dans la journée du dimanche, deux présumés djihadistes qui avaient été interpellés lors de l’attaque terroriste qui a frappé le Burkina vendredi dernier étaient face à la justice dans le cadre d’une enquête sur la filière terroriste à l’origine de l’attaque. En dépit du bilan faisant état d’au moins 80 blessés et plus de 13 morts dans cette double attaque, les autorités n’ont toujours pas réussi à donner le nombre d’assaillants ayant participé à ces raids meurtriers. Selon le dernier bilan officiel, 9 assaillants auraient été tués dans le double raid du vendredi, mais aucune précision concernant le nombre exact de djihadistes qui ont mené cette attaque dans le centre de Ouagadougou. Certaines sources n’écartent pas la possibilité selon laquelle d’autres assaillants auraient pu s’enfuir après les deux attaques en se fondant dans la masse, d’autant plus que les premiers éléments de l’enquête ont révélé que la plupart des djihadistes identifiés étaient de nationalité burkinabè, à l’exception d’un seul qui serait de nationalité étrangère. Mais aucune information n’a été donnée concernant les noms de ces assaillants pour l’heure. Toutefois, l’attaque a déjà été revendiquée par le GSIM, une filière djihadiste proche du groupe Al Qaïda.
L’attaque de l’Ambassade de France, une diversion ?
Si l’Ambassade de France était visé dans le raid du vendredi à Ouagadougou, l’attaque de la chancellerie française pourrait très bien être en effet une diversion. Au même moment, les assaillants menaient un raid contre l’état-major des armées burkinabè où devait se tenir une importante réunion en présence de plusieurs gradés de l’armée. Mais à la dernière minute, la salle devant accueillir la réunion des gradés a été changée, ce qui a permis d’atténuer sans doute les dégâts de l’attaque. Dans l’assaut contre le QG de l’état-major, les assaillants avaient précisément ciblé la salle où devaient se réunir plusieurs responsables de l’armée. Avant l’attaque, l’explosion d’une voiture piégée avait complètement ravagée la salle. Quelques assaillants ayant participé au raid contre l’état-major portaient des tenues militaires. Aussi, la facilité avec laquelle les assaillants ont pu accéder aux lieux de l’attaque pousse certains à croire que les djihadistes ont bénéficié d’une complicité interne.