Dès le début de sa carrière il s’est lancé dans des textes très engagés vis-à-vis des pouvoirs africains y compris ceux qu’a connus son pays. Pourtant il est resté silencieux depuis quelques années, un peu trop longtemps…Il a fallu attendre la crise politique actuelle pour voir Tiken Jah sortir de sa réserve et exploser.
Tiken Jah a remis le couvert sur RFI pour parler de la situation politique en Côte d’Ivoire et du cas Laurent Gbagbo. Dans cette interview accordée aux confrères de RFI, il fait une déclaration fracassante sur l’ex président ivoirien aujourd’hui jugé à la Haye. Le reggaeman retrouve, pourrait-on dire, sa verve critique sans faux fuyants et sans parti pris.
Sur le cas de la Commission Electorale Indépendante et des sénatoriales
Quelques jours après s’être attaqué au régime ivoirien, Tiken Jah a remis le couvert dans une interview accordée ce matin à RFI, dans la capitale française. L’artiste interplanétaire a dit s’aligner sur la position de l’opposition ivoirienne à propos de la réforme de la CEI et de l’inutilité du sénat. Prenant en exemple le refus du sénat dans les pays comme le Sénégal, le Mali et le Burkina Faso, le reggaeman a demandé aux autorités ivoiriennes de surseoir à leur projet. « Je trouve simplement que c’est inutile et qu’on pourrait utiliser ce budget pour faire autre chose » déclare-t-il au micro de RFI. Il poursuit ensuite en soulignant son incompréhension devant le refus du gouvernement de reformer la CEI. « Il faut absolument que nous ayons un nouveau président de la commission électorale » martèle-t-il. Il est inconcevable, pour lui, de reconduire Yousouf Bakayoko dont la figure est associée à la crise post-électorale.
Ce qu’il dit du pouvoir et de ses alliés du RHDP
Tiken Jah Fakoly n’a décidément pas, ou plus, sa langue dans sa poche. Il revient à la charge pour prévenir le président Alassane Ouattara des risques d’un troisième mandat anti-constitutionnel. Il affirme à ce propos : « Avoir un troisième mandat en Côte d’Ivoire, ce serait donner des idées à la Guinée, au Mali etc. Donc il faut éviter une sortie d’Alassane Ouattara par la petite porte ». L’auteur de « Tonton d’America » a eu également un mot envers l’allié d’Alassane Ouattara au sein du RHDP, Henri Konan Bédié. Il pense que le PDCI et son patron ne devraient pas se désolidariser du bilan du chef de l’Etat, quel qu’il soit. En outre, Tiken Jah exhorte le plus vieux parti de Côte d’Ivoire à choisir un autre candidat pour 2020.
Son opinion sur le sort de Laurent Gbagbo
Tiken Jah Fakoly s’est aussi exprimé sur la situation des prisonniers politiques en Côte d’Ivoire. Alors que le RDR dit qu’il n’existe pas de prisonniers de cette catégorie en Côte d’Ivoire, l’artiste engagé appelle à leur libération. Il met donc en cause les affirmations du chef de l’Etat qui avait déclaré sur France 24 qu’il n’y a pas de prisonniers politiques en Côte d’Ivoire. L’on se souvient que le démenti de Michel Gbagbo lui a valu la prison ainsi qu’au directeur de publication de Koaci qui a relayé l’information. Le chanteur souhaite donc la libération de tous les prisonniers politiques à l’exception de Laurent Gbagbo. Il s’explique : « Je ne serai jamais dans la lutte pour la libération de Laurent Gbagbo parce que je lui ai dit de s’arrêter et il n’a pas voulu s’arrêter, c’est dommage ».
Tiken Jah Fakoly justifie qu’il se désolidarise de la libération de Laurent Gbagbo par le fait que ce dernier se serait entêté à s’accrocher au pouvoir en dépit de ses avertissements. Concernant la marche démocratique de l’opposition du jeudi prochain, il apporte son plein soutien. Il regrette cependant de ne pas pouvoir être là pour y participer en raison de son emploi du temps chargé. Au regard de ces dernières sorties, il est fort à parier que le reggaeman a beaucoup froissé les militants du RDR qu’on dit être ses plus grands fans en Côte d’Ivoire.