Elections sénatoriales en Côte d’Ivoire : quelle crédibilité pour les premiers sénateurs?

Les élections sénatoriales en Côte d’Ivoire auront bel et bien lieu le samedi 24 mars prochain selon le calendrier établi par la CEI. La campagne a officiellement été lancée depuis lundi, mais le scrutin semble susciter très peu l’intérêt de la population ivoirienne, même si ce sont seulement les votes des grands électeurs (députés) sont pris en compte dans ce scrutin. Quel crédit accorder aux tous premiers sénateurs que connaîtra le pays au soir du 24 mars ?

Les élections sénatoriales en Côte d’Ivoire suscitent très peu d’engouement en dépit du caractère historique du scrutin. Si le projet de doter le pays d’un sénat date de plusieurs décennies, le président Alassane Ouattara sera le premier chef d’Etat ivoirien sous le mandat duquel sera instauré une chambre de sénat, conformément aux dispositions de la nouvelle constitution ivoirienne. Alors que nous sommes en pleine période de campagne pour les sénatoriales en Côte d’Ivoire, le chemin semble tout droit tracé pour une victoire sans appel du RHDP à ce scrutin prévu pour le samedi 24 mars prochain. La CEI, commission électorale chargée d’organiser l’élection, n’a reçu que des listes de candidats issus du clan au pouvoir. L’opposition ivoirienne s’est abstenue de participer à cette élection pourtant cruciale sur le plan politique. La cause de ce boycott, le maintien de Youssouf Bakayoko a la tête de la CEI. Depuis l’annonce de la tenue des élections en Côte d’Ivoire, les sénatoriales, municipales et régionales, l’opposition majoritairement composée de l’ancienne mouvance présidentielle n’a cessé de militer pour une réforme de la CEI, un message auquel le gouvernement semble manifestement accorder très peu d’intérêt. Avec le retrait de l’opposition ivoirienne des sénatoriales, la première chambre de sénat ivoirien sera composée de personnalités issues du RHDP, principalement du RDR et du PDCI RDA qui sont les deux principales forces politiques de la coalition. A 48h des sénatoriales, l’opposition ivoirienne a encore décidé de se faire entendre à travers des manifestations prévues le jeudi 22 mars, manifestations qui visent à réclamer le départ de Bakayoko Youssouf, le président de la CEI.

Polémique autour de l’utilité du sénat en Côte d’Ivoire

Pour la présidentielle de 2020 en Côte d’Ivoire, le sénat aura sans doute un rôle décisif. Mais l’utilité du sénat est de plus en plus remise en cause aussi bien par des personnalités politiques que des voix influentes du pays. Jean-Louis Billon, ancien ministre du commerce avait remis en cause la nécessité pour la Côte d’Ivoire de se doter de sénateurs, d’autant plus que certains pays comme le Sénégal qui l’avait adopté ont mis fin à ce projet. Le chanteur Tiken Jah Facoly, lui que l’opposition accuse d’être proche de l’actuel régime, s’est lui-aussi insurgé contre l’instauration de cette nouvelle chambre parlementaire : ‘‘c’est inutile et budgétivore’’, lançait l’artiste reggae lors d’une interview. On ignore encore officiellement leur nombre mais les premiers sénateurs ivoiriens devraient être au nombre de 99, dont 33 nommés par le président selon la constitution. Il est trop tôt pour savoir le président ivoirien songera à nommer des opposants politiques dans cette chambre mais un sénat entièrement composé de membres du parti au pouvoir jettera sans doute le discrédit sur cette institution ivoirienne.

Retour en haut