Egypte : Le Président Abdel Al Sissi réélu avec une fausse note

Fatou Touré

L’homme qu’on présente comme le nouveau Hosni Moubarack règne d’une main de fer en redonnant aux militaires leur prestige d’avant la révolution de 2011. Après son élection controversée le 28 mai 2014, l’ancien maréchal a pris le soin de mettre hors-jeu la plus part de ses plus grands rivaux. C’est pourquoi, l’on n’attendait pas grande chose de cette élection présidentielle de 2018.

A l’issue des trois jours requis pour la délibération, le Président sortant Abdel Fattah Al-Sissi a été réélu sans surprise. Avec un score presque stalinien, l’ancien ministre de la defense de Mohamed Morsi est parti pour son 2e mandat avec un score flatteur. En revanche sa victoire serait entaché d’un taux de participation en deçà des espérances ou plutôt du démocratiquement correct.

Abdel Fattah Al-Sissa réélu sans surprises

Le dimanche dernier a vu la tenue de l’élection présidentielle égyptienne. Le grand favori était bien sûr le président sortant qui avait tout de même réussi à remettre de l’ordre dans un pays secoué par le terrorisme. Cet ancien maréchal de l’Armée égyptienne, la plus puissante d’Afrique, a aussi remis quelque peu sur les rails l’économie égyptienne. Son seul adversaire pour cette présidentielle était un de ses sympathisants. Il s’agit de l’architecte, homme d’affaire et chef du parti libéral Al-Ghad, Moussa Mostafa Moussa. Tous les autres candidats se sont désistés au dernier moment pour laisser le boulevard libre au président sortant. Des dépêches de medias égyptiens viennent de confirmer la victoire déjà pressentie d’Abdel Al-Sissi. Il aurait remporté 92% des voix selon les premiers résultats sortis des urnes ce jeudi matin. Ces estimations ont été fournies par le quotidien d’Etat Akhbar al-Yaoum et l’agence officielle Mena.

Un faible taux de participation entacherait sa brillante victoire

Si le président sortant Abdel Fattah Al-Sissi peut se réjouir d’avoir fait un large score, il peut, néanmoins, se faire du souci quant au taux de participation. La communauté internationale, qui savait d’avance que le jeu était fait, n’attendait plus que le taux de participation. De lui dépendait la crédibilité du scrutin et la légitimité du président réélu. Toutes les agences de médias s’accordent pour dire que la participation est en deçà des espérances du gouvernement. Les premières estimations révèlent que seuls 23 millions de personnes ont voté sur les 60 millions d’électeurs attendus. Par conséquent, le taux de participation devrait être en dessous de 50%.

Et après l’élection ?

Le véritable enjeu de l’élection présidentielle de 2018 résidait dans le taux de participation. Apparemment il n’est pas gagné par l’ancien ministre de la défense. L’on attend maintenant qu’il redore son blason et celui de son pays pour les quatre prochaines années. Le régime égyptien est accusé de graves violations des droits de l’homme, principalement sur les opposants. C’est pourquoi Abdel Fattah Al-Sissi doit relever le défi de la démocratie. Il est aussi attendu sur la question de la reconstruction de l’économie nationale. Le chômage sera l’un de ses plus grands défis ainsi que la lutte contre le terrorisme dans le Sinaï notamment.
La communauté internationale attend les résultats définitifs pour évaluer la crédibilité de ce scrutin qu’on a dit joué d’avance. Au regard des résultats provisoires, mais assez significatifs, qui viennent de tomber, Abdel Fattah Al-Sissi a du souci à se faire pour son image déjà si écorchée. Malgré ses défauts, peut-être trop grossis de l’extérieur, le président réélu jouit d’une certaine popularité au pays. Il serait le garant de l’unité nationale perdue depuis la chute de l’ex dictateur Moubarack et la venue au pouvoir des Frères Musulmans.

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