Procès Hallyday : toute la bataille judiciaire autour de l’héritage du chanteur

Joseph Amenan

Il a rendu l’âme après des années de lutte contre un vicieux cancer du poumon. La maladie a finalement eu raison de lui, malgré les soins médicaux appropriés. C’est son épouse, Laetitia Hallyday, qui s’est chargée d’informer les médias et les fanatiques du chanteur.

Les enfants biologiques du « Taulier », Laura et David Smet, ont reproché la communication unilatérale de leur belle-mère. Ils ont argué qu’elle n’a pas pris soin de les informer d’abord de la mort de leur père avant de porter la nouvelle au public. C’était là les prémisses d’un conflit qui perdure encore, cinq mois après le décès de l’artiste. Lorsque les dernières volontés de Johnny Hallyday sont portées à la connaissance des concernés, la relation déjà délétère entre les enfants Hallyday et Laeticia Hallyday, va se dégrader davantage. Les enfants biologiques que sont David et Laura Smet accueillent mal les prescriptions du dernier testament de leur géniteur. C’est donc naturellement qu’ils introduisent une contestation en justice pour réclamer ce que de droit. C’est le début d’une bataille juridique qui prend de plus en plus des allures d’inimité. Bien qu’en général les querelles d’héritage soient mal vues par la société, les protagonistes semblent imperturbables sur leurs réclamations. Tout se passait comme s’il y avait un litige plus personnel que celui lié aux biens de Jonny Hallyday. En tout cas la bataille autour du patrimoine de « L’idole des jeunes » se fait rage et tous les coups sont permis, pourvus qu’ils touchent leur objectif. Piques acerbes, portraits dépréciatifs et accusations sont au menu du conflit sans merci que les deux camps se livrent à travers avocats et médias interposés. Renvoyée au 13 avril prochain, la décision finale est très attendue même si elle ne sonnera pas, forcément, le glas des ambitions des uns et des autres. Dans cet article, nous reviendrons sur les épisodes marquants de ce feuilleton judicaire à nulle autre pareille.

 

Lecture du testament, un coup de massue pour David et Laura Smet

Johnny Hallyday, la légende française du Rock’n’roll s’est éteint dans la nuit du 5 au 6 décembre 2017. Plusieurs éloges ont été rendus à l’artiste, les jours qui ont suivi son décès. L’hommage national a même vu la participation des plus hautes personnalités françaises dont le Chef de l’Etat, Emmanuel Macron. Si tôt finis les vibrants hommages et l’inhumation à Saint-Barthélemy, place à la lecture du dernier testament de l’artiste. Dernier testament car trois autres testaments du rockeur avaient été retrouvés, mais ils étaient antérieurs à celui qui a été rendu public, début février. Plusieurs médias s’étaient procuré une copie de ce testament, écrit en Anglais, dont RTL. La chaîne publie le 20 février un extrait dans lequel on pouvait notamment lire : « Je ne fais expressément aucune disposition dans ce testament ni dans aucun autre document de planification successorale pour mes enfants David Smet et Laura Smet qui ont déjà touché des rétributions dans le passé ». Pourtant, Sylvie Vartan, la mère de David Smet, assure que son fils n’a touché aucune donation de la part de l’artiste. Elle affirme plutôt qu’il s’agissait des rétributions liées à leur divorce en novembre 1980. Quand on relit ces propos testamentaires de Johnny Hallyday, on comprend que Sylvie Vartan s’était, au mieux, trompé. Le testament de Johnny Hallyday, déshérite clairement ses deux enfants biologiques alors qu’il prévoit quelque chose pour les filles adoptives. C’est inacceptable pour Laura et David Smet soutenus par des proches de l’artiste. Si le droit français ne conçoit pas qu’un père puisse déshériter ses enfants, la loi californienne n’y voit aucun inconvénient.

Les enfants Hallyday contre le testament de leur père

Quand les dernières volontés de Johnny Hallyday ont été portées à leur connaissance, David et Laura Smet se sont dits scandalisés. Ils n’ont pas mis du temps à contester ce testament qui semblait incongru à bon nombre d’amis et proches de la rock star. Laura Smet sera la première à rejeter les dernières volontés de son papa qui l’aimait tant. En premier ligne de la bataille juridique, Laura Smet a très vite manifesté son intention, sur les réseaux sociaux, de recourir à la justice. C’est donc normalement qu’elle s’est faite virulemment taclé par des internautes. « Pour moi, les souvenirs, les photos, c’est bien plus important que l’argent ! Et en parler à la presse est un manque de respect. L’argent rend dingue » avait écrit une internaute visiblement scandalisée par le comportement de Laura Smet. Ayant eu vent de ses démêlés sur les réseaux sociaux, David Smet s’est porté au secours de sa demi-sœur en ces termes : « Chère Madame, je ne peux pas laisser passer de tels propos haineux, infondés, que ce soit sur la page de ma sœur ou la mienne ! Vous ne connaissez rien de tout ça et ça ne vous regarde pas ! Ce qui est très intéressant par contre dans vos propos (…), c’est que la seule personne qui parle d’argent ici c’est vous ! Les grands philosophes de notre époque ont bien dit ‘Les gens perçoivent les autres tels qu’ils se perçoivent eux-mêmes». Ayant pris la résolution ferme de réclamer ce que de droit, Laura et David Smet ont eu recours à des avocats pour porter leur combat devant la justice. Ils réclamaient entre autre le gel du patrimoine de leur père et le droit de regard sur son dernier album.

Le premier procès du 15 mars 2018

Dès lors, la guerre était ouverte car, de son côté, Laeticia Hallyday était sure de son fait. Elle affirmait, à qui veut l’entendre, que son Johnny Hallyday lui avait tout légué dans son dernier testament comme elle avait de même pour le sien. Laetitia Hallyday, née Laetitia Boudou, a aussitôt mis en place une communication de crise pour contrer l’offensive des enfants de son mari. Davis et Laura Smet aidés de leurs avocats respectifs ont commencé un travail de déconstruction de l’image de la marâtre parfaite qu’incarnait Laetitia Hallyday. Le premier round de ce conflit de legs a été fixé au jeudi 15 mars au tribunal de Nanterre. Laeticia ne sera pas présente à ce premier procès ni au deuxième puisqu’elle est frappée par une loi américaine qui l’interdit de quitter le territoire avant un bon moment. Rentrée aux Etats Unis le 15 janvier, elle ne pourra retourner en France que le 15 juin. C’est donc normalement qu’elle n’a pas pu se présenter au procès Hallyday du 15 mars aux côtés de son avocat Maitre Ardavan Amir-Aslani. Quelques heures avant le début du procès fixé à 14H30, les enfants Hallyday avaient réclamé le renvoi de l’audience au 30 mars, le temps d’analyser de nouvelles pièces fournies par l’avocat de Laetitia Hallyday. Ce dernier avait révélé, par exemple, être en possession d’un enregistrement audio de l’établissement du dernier testament du rockeur. La requête de Laura et David Smet avait été favorablement accueilli par les magistrats. Ceux-ci ont donné rendez-vous aux protagonistes le vendredi 30 mars.

Deuxième procès du 30 mars

Comme convenu, l’audience a eu lieu le 30 mars 2018, toujours en l’absence de Laetitia Hallyday. Le procès a tenu toutes ses promesses avec une bataille très féroce entre les avocats. D’un côté l’avocat de Laetitia Boudou, Maitre Ardavan Amir-Aslani, et de l’autre ceux de David et Laura Smet dont Maitre Temime. La tension était palpable dans le tribunal de Nanterre, tout au long de l’audience. Les avocats de Laura Smet, Carine Piccio et Pierre-Jean Douvier n’ont fait qu’employer le nom de jeune fille de Laetitia Hallyday comme pour lui contester tout droit légataire. Quant à Maître Temime il a essayé de faire de Laetitia Hallyday un épouvantail qu’il ne pouvait affronter du regard. De son côté, Me Ardavin Amir-Aslani a joué la carte de la Mère Theresa. Il affirme : « Laeticia était présente pour Laura, chaque fois qu’elle a été arrêtée. La seule personne qui était là c’est Laeticia, quand Laura était à Sainte-Anne ». Cette déclaration, pleine d’insinuations, a eu le don d’ulcérer Me Hervé Temime qui a crié au scandale. Comme le 15 mars dernier, la décision finale a été encore rejetée à une date ultérieure.

En attente de l’audience du 13 avril

Le vendredi 30 mars la justice a examiné, au tribunal de Nanterre, la requête de David et Laura Smet. Cette requête portait sur le gel du patrimoine de Johnny Hallyday et un droit de regard sur son album posthume. Au sujet de cet album posthume, le conseil de Laetitia Hallyday entend prouver que tous les morceaux ont été validés par l’artiste avant sa mort. Dans ce cas, les enfants n’auront pas un droit de regard sur l’album posthume de leur père. L’avocat de sa maison de disques, Me Eric Lauvaux, assure que Johnny Hallyday avait validé au moins dix titres à la date du 22 novembre 2017 et qu’il attendait même de percevoir une avance. L’audience du 13 avril devrait donc trancher sur la question du patrimoine autant que sur celle des droits d’auteurs qui s’élèveraient à plus de 700.000 euros par an. Maintenant il va falloir surtout résoudre le conflit de législation entre la France et l’Etat de Californie.

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