Révision de la Constitution en Côte d’Ivoire : Ouattara va-t-il reculer ?

Amani Georges

La révision de la Constitution est l’un des principaux sujets de discorde en Côte d’Ivoire entre le président ivoirien et la classe politique. Face à la presse le mercredi 4 mai 2016, le professeur Francis Wodié s’est dit inquiet à l’idée d’une réforme constitutionnelle. Dans la matinée du jeudi 5 mai, c’est au tour du président du FPI, pourtant favorable à ce projet, de recadrer Alassane Ouattara. Mais la question est de savoir si ces voix seront assez influentes pour contraindre le chef de l’état à faire volte-face.

La réforme constitutionnelle annoncée d’ici la fin de l’année

La révision des textes fondamentaux de la constitution en Côte d’Ivoire était l’une des promesses de campagne de l’actuel chef d’Etat ivoirien. Plus de 6 mois après sa brillante victoire aux élections d’octobre 2015, Alassane Ouattara précise un peu plus les choses au sujet de cette réforme contestée par une partie de la classe politique ivoirienne. A l’occasion de son discours du 1er mai pour calmer la grogne sociale, le président ivoirien a de nouveau insisté sur la nécessité de réviser les textes et lois du pays. Pour l’instant, c’est le grand mystère autour de ce projet hormis le calendrier qui est plus ou moins connu. La modification des lois ivoiriennes devrait se tenir d’ici fin 2016.

Une révision qui suscite des craintes

L’actualité en Côte d’Ivoire est dominée par ce nouveau virage que le pays s’apprête à prendre grâce à la réforme des lois fondamentales annoncée par le chef de l’Etat. Dès l’annonce de ce projet, certaines figures de la classe politique n’ont pas tardé à réagir. Le mercredi 4 avril, Francis Wodié animait une conférence de presse sur le sujet. Selon lui, cette initiative « sort du champ juridique et pose un problème politique ». L’ancien président du conseil constitutionnel a également qualifié de « fraude à la Constitution » ce qui est vu par le camp Ouattara comme une nécessité pour mettre un terme à certaines hostilités. Un autre avis, pourtant favorable à la révision des textes, a émis aussi des réserves sur la question. Il s’agit du chef de file de l’opposition, candidat malheureux aux dernières échéances électorales. Affi N’Guessan a laissé entendre que lui et son parti étaient « par principe favorables » à cette refonte de la législation ivoirienne. Cependant, le président du Front Populaire Ivoirien appelle à une concertation nationale impliquant toutes les parties et non une réforme menée par un seul camp.

L’article 35 de la constitution au cœur des débats

Dans son intention de vouloir doter la Côte d’Ivoire d’une nouvelle législation, le chef d’Etat ivoirien a promis de s’attaquer à un sujet bien sensible : l’article 35. Il définit les principes d’éligibilité à la fonction de président. Ayant lui-même été une victime de cette loi, il envisage de réviser son contenu. Différents cas de figures sont possibles avec cette refonte. A titre d’exemple, le nombre de mandats renouvelable une seule fois peut être fixé à deux, voire même plus. Mais le chef suprême des armées dit poursuivre un autre but dans sa volonté de revoir cet article. Son objectif, l’instauration un poste de vice-présidence, une première pour le pays. Reste à savoir s’il pourra aller au bout de cette réforme qui suscite tant de polémiques.

L’avis de la population sur la question

Il est peu pour dire si la population est favorable à cette idée car aucun contenu de nouvelle constitution n’a été rendu public. Toutefois, il n’est pas à exclure que les ivoiriens manifestent d’une manière ou d’une autre leur mécontentement si jamais ils ne partagent la même vision que le chef de l’Etat. Dans ce cas de figure, les regards seront tous tournés vers le président ivoirien pour savoir s’il va reculer ou user de tous les recours pour tenir sa promesse de campagne.

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