Prisonniers politiques en Côte d’Ivoire : opposition et gouvernement à couteaux tirés

Amani Georges

L’opposition ivoirienne reste formelle depuis des années, il y’a bel et bien des prisonniers politiques incarcérés à la Maca en Côte d’Ivoire. Aucun chiffre vérifiable n’est avancé par l’ancienne mouvance présidentielle, mais il y’aurait au moins 200 militants et barons de l’ancien régime qui seraient détenus pour leurs opinions politiques. Pourtant, le président Alassane Ouattara prétend lui le contraire, des divergences qui mettent à mal le processus de réconciliation nationale qui était pourtant l’un des principaux chantiers de l’actuel chef d’Etat ivoirien.

La question des prisonniers politiques en Côte d’Ivoire divise toujours le camp présidentiel et l’opposition ivoirienne. Depuis la fin de la crise post-électorale, deux discours sur le sujet sensible qui revêt pourtant une importance capitale dans le processus de réconciliation nationale en Côte d’Ivoire. D’un côté le gouvernement qui affirme qu’il n’y a plus aucun prisonnier politique détenu dans les prisons ivoiriennes. A l’occasion de son traditionnel discours du 1er mai, le président Ouattara Alassane a une nouvelle fois tenu à rassurer l’opinion publique comme internationale sur la question en réitérant à nouveau ce qui se dit depuis des années dans le camp présidentiel : « Il n’y a pas de prisonniers politiques en Côte d’ivoire », a déclaré mardi le chef d’Etat ivoirien. Toutefois, le chef d’Etat met un point d’honneur à préciser que les jugements en cours ne concernent strictement que les personnes impliquées dans des faits survenus lors de la crise post-électorale de 2011 en Côte d’Ivoire. Concernant ces cas, Ouattara Alassane a laissé entendre que « la plupart des jugements ont été faits ou sont en cours’’. Qui sont donc ces détenus qui seraient impliqués dans la crise ivoirienne de 2011 ? Ce sont des personnes « qui ont attaqué des commissariats de police, des camps de gendarmerie, assassiné des militaires, y compris de la mission de l’ONU », a rappelé le président lors de son discours du 1er mai. Concernant leur nombre, aucun chiffre n’a en revanche été indiqué par le chef d’Etat durant son allocution, mais Alassane Ouattara a promis de faire jouer son amnistie pour accorder la liberté à certains détenus qui seraient jugés et reconnus comme coupables par la justice ivoirienne : ‘‘ce sera fait au moment venu’’, a rappelé le chef d’Etat.

‘‘Il y a bel et bien des prisonniers d’opinion’’

« Je confirme qu’il y a bel et bien des prisonniers d’opinion sinon des prisonniers politiques en Côte d’Ivoire. Ce n’est pas le fait de leur coller des infractions imaginaires qui y changera quelque chose », déclarait il y’a quelques Me Dadje Rodrigue, l’avocat chargé d’assurer la défense de l’ancienne première dame et plusieurs barons de l’ancien régime. Cette position de l’avocat ivoirien est la ligne de défense maintenue par l’opposition ivoirienne depuis des années. Désirée Douaty, la présidente de l’AFFDO-CI avançait le mois dernier le chiffre de « 301 prisonniers d’opinion » qui seraient tous issus de l’ancienne mouvance présidentielle. Rappelons que ces personnalités détenues ont été interpellées après la crise ivoirienne qui a fait 3000 morts de source officielle.

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