Les partisans de Laurent Gbagbo ont désormais les yeux rivés vers les juges de la CPI qui, il y’a quelques jours de cela, ont ordonné la remise en liberté provisoire de Jean-Pierre Bemba, l’ancien vice-président de la République Démocratique du Congo. Depuis quelques jours, les partisans de l’ancien chef d’Etat ivoirien sont gagnés par l’optimisme, tout comme les avocats de la défense qui envisagent même de demander l’acquittement de l’ex-dirigeant dirigeant ivoirien jugé pour crimes contre l’humanité pendant la crise post-électorale ivoirienne de 2011.
Peut-on établir des liens entre les affaires Jean-Pierre Bemba et Laurent Gbagbo traitées à la CPI ? Pour les partisans de l’ex-chef d’Etat ivoirien, il ne fait aucun doute que ces deux dossiers se ressemblent à différents niveaux. Le mercredi 13 juin dernier, les juges de la Cour Pénale Internationale ont ordonnée la remise en liberté provisoire de l’ancien vice-président congolais, en raison de plusieurs erreurs constatées dans le dossier. Si les partisans de l’ancien vice-président ont célébré cette victoire, la joie était et l’espoir étaient également au rendez-vous dans le camp des partisans de Laurent Gbagbo actuellement jugé à la Haye pour crimes contre l’humanité commis pendant la crise post-électorale de 2011 : « Pour nombre de nos militants, l’acquittement de Bemba signifie que le retour de Gbagbo est proche, mais à la direction du parti, nous sommes plus prudents. La personnalité, le parcours et l’histoire de Bemba n’a rien à voir avec ceux de l’ancien président. Cette décision prouve que la CPI est capable de dire le droit et en cela, c’est un nouveau signal positif mais nous n’en serons convaincus qu’à la libération de notre leader. Une hirondelle ne fait pas le printemps.», soulignait Boubacar Koné, le porte-parole de la tendance radicale du FPI, branche qui milite pour la libération de Laurent Gbagbo. Après l’audition des 82 témoins de l’accusation, la défense envisage une autre stratégie dans ce procès Laurent Gbagbo qui se déroule à la CPI. En lieu et place de faire auditionner ses témoins, la défense de l’ex-président envisage de demander l’acquittement de leur client, estimant qu’aucune véritable preuve n’est venue à ce jour confirmer la responsabilité de l’ancien président pour les crimes contre l’humanité dont il fait l’objet d’un jugement. La défense a donc jusqu’au 20 juillet pour justifier, preuves à l’appui, les raisons d’une telle démarche, avant que les juges de la CPI ne se prononcent sur cette demande de remise en liberté le 10 septembre. Sommes-nous en face de deux affaires qui connaîtront les mêmes aboutissements ?
Bemba et Gbagbo, et si c’était les mêmes affaires ?
« Le point commun entre les affaires Bemba et Gbagbo, c’est que dans ces deux procédures, il y a un déficit d’éléments de preuves », a expliqué Me Habiba Touré, l’un des conseils qui assurent la défense de l’ancien président ivoirien dans son procès à la Cour Pénale Internationale. Comme dans l’affaire Bemba, les avocats de Laurent Gbagbo comptent s’appuyer sur le facteur de déficit de preuves pour demander l’acquitter de leur client. Si les deux hommes sont jugés pour presque les mêmes crimes, il faut rappeler que Bemba a été jugé pour crimes commis en République Centrafricaine à travers sa milice, le MLC. L’ex-président Laurent Gbagbo est lui jugé pour des crimes contre l’humanité commis en Côte d’Ivoire, notamment pendant la crise post-électorale de 2011 qui a fait 3000 morts. Et ici en Côte d’Ivoire, les associations de victimes de la crise sont mobilisées pour exiger une condamnation de l’ex-chef d’Etat.