Les universités de Côte d’Ivoire privées de leurs droits syndicaux

by Fatou Touré

Les universités ivoiriennes fonctionneront sans syndicats, du moins pour un certain temps. A l’issue du conseil des ministres qui s’est tenue le mercredi 20 juillet, le gouvernement a décidé de suspendre toutes les activités syndicales estudiantines en Côte d’Ivoire. Cette mesure de suspension fait suite aux violents affrontements qui sont éclatés lundi dernier entre les forces de police et la Fesci, une branche syndicale proche de l’ancien régime. Les étudiants ivoiriens devront donc se passer de leurs droits syndicaux pour une durée, qui pour l’heure, n’a pas été précisée.

Une manifestation estudiantine dégénère au campus de Cocody

Les universités ivoiriennes, du moins située dans la commune de Cocody, sont devenus depuis quelques temps le théâtre de violents affrontements entre forces de l’ordre et associations syndicales. Le bras de fer qui a opposé le lundi 18 juillet les étudiants aux forces de l’ordre occupe est toujours de l’actualité ivoirienne. En début de semaine, une manifestation estudiantine initiée par la Fesci, la fédération des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire complètement a tourné au vinaigre, entraînant l’arrêt des cours au sein du campus de Cocody rebaptisé université Felix Houphouët Boigny depuis sa réouverture en septembre 2013 : « On protestait contre la décision de déloger les étudiants de leurs chambres à la faveur des jeux de la francophonie et aussi pour demander à ce que les bourses d’études soient accessibles au plus grand nombre de nos condisciples quand la police a fait une descente musclée sur les lieux pour nous empêcher de faire valoir nos droits syndicaux », nous confie un responsable de la Fesci que nous avons joint au téléphone après les heurts. On se rappelle encore en avril, une grève dans l’enseignement supérieur avait été réprimandée par la police. Mais depuis, la violence en milieu estudiantin a gagné en intensité.Toute, la version des faits rapportée par les syndicalistes n’est pas du tout partagée par le gouvernement ivoirien.

Une tentative de déstabilisation des universités en Côte d’Ivoire

« Ces syndicats créent un climat de terreur sur nos campus. Nous assistons tous les jours à des scènes d’affrontements entre les étudiants et les forces de l’ordre. », a fait savoir dans la soirée de mercredi Bruno Nabagné Koné, le porte-parole du gouvernement. La suspension des activités syndicales au sein de toutes les universités ivoiriennes répondrait donc au souci d’élaguer du milieu estudiantin la culture de la violence, à en juger bien sûr par cette mesure de suspension de tous les syndicats d’étudiants, quand bien même la Fesci serait en réalité l’association la plus visée par ces sanctions. Accusé d’être à la solde de l’ancien régime, la fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire est dans le viseur des autorités pour avoir à plusieurs reprises perturbé le bon déroulement des cours.

Des dizaines d’étudiants arrêtés en Côte d’Ivoire

Selon la Fesci, plus de 50 manifestants sont en état d’arrestation. De son côté, le gouvernement ivoirien n’a pas confirmé ces chiffres avancés par le syndicat mais admet tout de même l’arrestation de quelques protestataires: « la police a interpellé des étudiants violents et la justice suivra son cours », explique le porte-parole du gouvernement. En dépit du fait qu’ils aient été privés de leurs droits syndicaux, les syndicats promettent de nouvelles actions pour protester contre leurs conditions d’études.
Pour faire face à la montée de la violence dans les universités ivoiriennes, le gouvernement avait donné son accord pour la création de plusieurs branches syndicales en plus de celle qui existait. Si cette mesure a permis de réduire considérablement l’influence de la Fesci au sein des activités syndicales, elle n’a pas pour autant résolu le problème. Après la suspension de tous syndicats d’étudiants, tous attendent désormais de voir comment l’état fera face à cette situation devenue aujourd’hui une épine à ses pieds.

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