Libre depuis la signature de l’amnistie par le président Ouattara il y’a quelques jours, Simone Gbagbo n’est toujours pas tirée d’affaires comme on pourrait le croire. En plus des poursuites judiciaires dont elle faisait l’objet en Côte d’Ivoire, l’ancienne première dame ivoirienne était également dans le collimateur de la Cour Pénale Internationale. Conformément à la ratification des statuts de Rome par la Côte d’Ivoire, la CPI avait déposé un recours auprès des juridictions ivoiriennes pour demander le transfert de la dame de fer de l’ancien régime à la Haye pour y être jugée, un recours auquel les autorités ivoiriennes n’ont donné aucune suite favorable. Amnistiée par le chef de l’Etat, l’épouse de l’ex-président ivoirien envisage désormais de déposer un recours contre l’instance internationale pour demander une annulation des poursuites dont elle fait l’objet.
A peine amnistiée, Simone Gbagbo entame un nouveau bras de fer judiciaire mais cette fois contre la CPI. Jugée dans le cadre de plusieurs affaires dont la disparition du journaliste André Kieffer, l’ancienne première dame avait bénéficié d’un acquittement dans une autre affaire qui l’opposait à la justice ivoirienne. Condamnée à 20 ans de prison en 2015, Simone Gbagbo n’a bénéficié de la liberté totale qu’avec la décision d’amnistie du président Alassane Ouattara qui a décidé de gracier 800 personnes en lien avec la crise post-électorale ivoirienne de 2011. Parmi ces personnes figuraient plusieurs barons de l’ancien régime dont l’ex-première dame. Accueillie en grande pompe par ses partisans à sa sortie du ministère de la justice, l’épouse de l’ancien président ivoirien a regagné son domicile pour la première fois libre depuis son arrestation en avril 2011 lors de la crise ivoirienne. Mais en dépit de l’amnistie, Simone n’est pas encore totalement libre. En marge des poursuites dont elle faisait l’objet dans son pays, l’ancienne première dame était aussi réclamée par la Procureure Fatou Bensouda de la CPI pour être jugée dans le cadre de la crise post-électorale ivoirienne qui a fait 3000 morts selon les sources officielles. Après l’amnistie accordée à l’ancienne première dame, la CPI a une nouvelle fois appelé les autorités ivoiriennes à tout mettre en œuvre pour faciliter le transfert de Simone Gbagbo à la Haye pour son jugement : « Mme Gbagbo doit être arrêtée sur la base de ce mandat et transférée à la CPI pour y être poursuivie. Toute amnistie qui pourrait avoir été accordée n’a aucun impact sur les procédures devant la CPI … La Cour s’attend à ce que le Gouvernement de la Côte d’Ivoire s’acquitte de ses obligations en vertu du Statut de Rome en exécutant le mandat d’arrêt contre Mme Gbagbo. La justice pour les crimes internationaux les plus graves énumérés dans le Statut de Rome est un élément important pour parvenir à une paix durable », précise l’instance internationale de justice dans son communiqué.
Toujours poursuivie, Simone Gbagbo envisage un recours en annulation
Malgré la décision d’amnistie, Simone Gbagbo n’est pas à l’abri d’un nouveau procès dans le cadre de la crise ivoirienne de 2011 : « Il faut séparer ce qui relève de la procédure nationale où l’amnistie peut être accordée, et ce qui relève de la procédure devant la Cour pénale internationale et là toute amnistie qui pourrait avoir été accordée n’a pas d’impact sur les procédures devant la CPI », a souligné le porte-parole de la Cour Pénale Internationale. Le nouveau combat de Me Dadje Rodrigue qui assure la défense de l’ancienne première dame est désormais de tout mettre en œuvre pour annuler les poursuites judiciaires dont fait l’objet Simone Gbagbo auprès de la CPI. Pour cela, la défense de l’ex-première dame a annoncé qu’il comptait déposer « en septembre,… une procédure pour annuler les poursuites contre elle ».